Troisième étape d’un parcours estival balisé par le jazz.

Nous voici maintenant chez nos voisins du Var. Qu’il est beau ce festival de Porquerolles. Des créations, des exclusivités, de la joie de vivre, un site à couper le souffle.

Collignon/ Minvielle/Charolles, l’énoncé sonne déjà comme un gros mot. Folie garantie, grand moment de délire, musical et verbal. Mais j’aurais aimé que Médéric joue un peu plus de ses binious car avec l’aide de l’électronique il en tire des sons fabuleux, style Miles/Gil Evans. Les vocaux acrobatiques, soit, mais attention de ne pas tomber dans ce que l’on nommerait "proutitude" dans nos ministères. Grande découverte dans le Baby Boom de Daniel Humair : le saxophoniste Matthieu Donarier. Daniel a toujours le chic pour dénicher de jeunes talents, comme le guitariste Jean-Philippe Muvien par exemple. Lequel dirige maintenant le groupe "Rebirth" où l’on trouve l’incontournable Stéphane Kerecki et le subtil Yoann Serra. [1]

Omar Sosa à Porquerolles
Photo © Michel Delorme

Au sein du quartet d’Aldo Romano, Géraldine Laurent ne m’ a pas paru jouer avec toute sa fougue habituelle. Contexte ?

Dans la catégorie dépaysement, c’est Joachim Kühn avec Majid Bekkas et Ramon Lopez qui enleva la palme mais Omar Sosa ne fut pas très loin de son concert à FIP, quel pianiste de jazz.

Joachim Kühn sera à nouveau fulgurant dans les Carrières de Rognes (sublime avatar de La Roque d’ Anthéron) mais Tigran Hamasyan ne fut pas loin de lui voler la vedette. Ce jeune prodige à la technique renversante ne vit pas sur ses trouvailles du disque. Au contraire, il abandonna quasiment ce soir là le gimmick qui faisait du titre "New Era" un modèle d’intelligence musicale.

Pete LaRoca à La Seyne sur Mer
Photo © Michel Delorme

À La Seyne sur Mer, au Fort Napoléon, même motif, même bénédiction. Deux musiciens qui ressortent d’on ne sait où : Pete La Roca, un temps batteur de Coltrane et de Rollins, Freddie Redd, compagnon de Jackie Mc Lean. Ils avaient pour la circonstance convoqué du beau monde : Lew Tabackin, Kirk Lightsey, (il fallait voir, à la balance, Lew apprendre à Kirk à jouer du Debussy à la flûte), Darryl Hall pour le premier, Jesse Davis, Reggie Johnson, Doug Sides pour le second.

Kirk Lightsey & Lew Tabackin à la Seyne sur Mer : flûtes !
Photo © Michel Delorme

Ajoutez à cela Moutin Réunion Quartet, Humair/Malaby/Jaume, George Garzone, Mike Stern/Yellow Jackets, Brazier/Potts/Betsch et David Murray, vous avez un putain de programme, foutrement éclectique en plus. Programmateurs de tous poils, prenez-en de la graine. Bien-sûr, il ne s’ agit pas là de remplir une Pinède, mais c’est l’esprit qu’il faut retenir.

(A suivre...)


> Les épisodes précédents :

[1Écoutez seulement Matthieu Donarier dans "Focus danse" (Zig-Zag Territories 070801 - Harmonia Mundi ), le magistral CD de Stéphane Kerecki, justement. Matthieu est pour moi - avec Jean-Marc Baccarini, ( Tu danses ? Trio, CD auto-produit ) un des locaux, comme on dit dans l’Outremer, à pouvoir faire au moins jeu égal avec tous ces ténors US qui jouent "libre" . J’exclus Wayne Shorter bien entendu.