Le guitariste a donné un concert solo à Francheville (69)

La douceur, dans le jazz actuel, est une vertu agonisante que peu de musiciens savent manier. Aux frontières des notes, elle est synonyme de bonté, de tolérance et de sérénité, mais elle peine à émerger entre les accents binaires des musiques qui privilégient la saccade et le volume. Peut-être est-elle synonyme d’expérience. C’est du moins l’idée qui nous vient à l’esprit après le concert solo de Philip Catherine, hier soir à Francheville (Rhône) à la salle Barbara de l’Iris.

Philip Catherine
En concert à Francheville (69)

Seul en scène donc, mais avec un enregistreur numérique lui permettent de réaliser en direct des boucles sur lesquelles il joue ensuite. Ce duo avec lui-même n’a pas empêché le guitariste de communiquer avec un public vibratile qui perçut aisément le supplément d’ame qui l’anime. Le répertoire personnel et les standards abordés portaient la marque du souvenir ("My funny Valentine" nous a inévitablement ramené à Chet Baker), du devenir aussi : "Méline", de la reconnaisance que l’on doit aux amis qui nous accompagnent tout au long du temps qui nous est imparti. Après avoir évoqué pudiquement la mémoire de Marc Moulin, décédé le 26 septembre dernier, il a clos son concert, par un Goodbye d’une sobriété affermie par les ans.

Philip Catherine
Une image de la fidelité.

Philip Catherine n’est pas une légende, ni même une star. C’est un musicien proche de son public, qui déroule, l’air de rien, une immense carrière. Tant pis pour ceux qui s’en apercevront trop tard ; les autres, ceux qui savent, vont à chaque concert s’immerger dans un intervalle pacifié, pour un voyage tranquille, le sourire au coin des lèvres.


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