Tigran Hamasyan est jeune, 21 ans, surdoué et déjà reconnu. Son toucher est d’une pureté cristalline, sa vélocité impressionnante. Sa créativité n’est pas en reste et il mêle avec goût le jazz moderne et ses origines arméniennes ; l’ensemble est probant. L’écart entre sa timidité naturelle et son comportement expressionniste devant l’instrument est flagrant ; peut-être est-ce une des causes de la séduction qu’il opère sur le public. Car ce dernier est conquis d’avance. Aux Avant-Sons de Francheville, ce samedi 22 novembre, les organisateurs ont refusé du monde. Quant aux chanceux, ils ont pu, à loisir, applaudir la performance du pianiste, jusqu’à la standing ovation, accompagné pour l’occasion par l’excellent Diego imbert à la contrebasse et le très tonique (un peu trop quelquefois) Franck Agulhon à la batterie.

Tigran Hamasyan
Francheville, 22/11/2008

Mais comment dire ? nous qui découvrions en concert ce jeune artiste, nous avons été quelque peu lassé par sa fougue ... Trop de notes tue la note. Dans les très passagères accalmies (notamment le second rappel en solo), nous avons pu apprécier le potentiel mélodique dont dispose Tigran Hamasyan, le lien intime qui le relie à sa musique et la vérité qui s’exprime dans son jeu. Et nous avons aimé cela.
Il ne s’agit donc pas ici de prendre le contrepied les papiers dithyrambiques qui s’amassent à son sujet pour le seul plaisir de marquer la différence, non. Simplement, nous avons besoin de dire ce que nous avons ressenti. On espère que Tigran Hamasyan saura résister au star-system, aux tournées à rallonges harassantes, pour se concentrer sur son art et l’approfondir. Car il est évident que ce pianiste étonnant à l’étoffe des musiciens qui peuvent marquer la musique de leur passage.


> Liens :