Le pianiste qui monte... jusqu’où ?

Samedi 6 décembre à 17 heures, Tigran Hamasyan était sur la scène des foyers du Théâtre de Caen, devant une assistance toujours très fournie et désireuse d’écouter ce pianiste dont on parle tant. Dehors, des patineurs à bonnets rouges tournaient sur la glace d’une patinoire éphémère qui contribue à la féérie de Noël. Sur scène, les frères Moutin, de sombre vêtus, "mouillaient la chemise" pour propulser leur jeune compagnon vers les sommets de son art.



Tigran Hamasyan, à Caen.
6 décembre 2008.

Fin novembre, Yves Dorison, exprimait un point de vue sur ce pianiste dans sa chronique du concert de Francheville, près de Lyon. Nous ne pouvons que le rejoindre à l’issue du concert caennais. Certes, comme le soulignait Y.D., Tigran Hamasyan est un "surdoué... son toucher est d’une pureté cristalline, sa vélocité impressionnante" mais il y a dans son jeu et dans la composition de son programme une attirance juvénile pour un éclectisme dont on ne sait guère où il le mènera. Cela se remarque dans un balancement assez systématique (et caractéristique d’une tendance actuelle du jazz) entre séquences rythmiques appuyées, et la tentation d’un romantisme un peu maniéré, entre jazz, rock âpre, et culture classique proche-orientale.




François Moutin, avec Tigran Hamasyan.
Caen, 6 décembre 2008.

Il y a dans le jeu de Tigran Hamasyan, une identité forte, un héritage des musiques de son Arménie natale par de discrètes références harmoniques et un art de l’enluminure qui donne à ses phrases musicales un charme particulier. Jouer avec lui semble être un vrai plaisir pour François Moutin qui s’affirme au fil du temps comme un des contrebassistes les plus investis dans le devenir du jazz. Inévitablement, l’association avec son frère, le batteur Louis Moutin, atteint un degré de perfection rythmique qui tient de l’osmose. Ils sont dans la musique dès la première note et jusqu’au salut final où leurs visages rayonnants expriment le bonheur de jouer ensemble.





Louis Moutin, avec Tigran Hamasyan
Caen, 6 décembre 2008.

On attend impatiemment la suite des aventures du jeune Tigran dans la jungle du jazz qu’il semble avoir bien investie en espérant qu’il saura en déjouer les pièges... Suggérons-lui, par exemple, d’abandonner la séquence de percussions vocales façon human beat box qui, si elle galvanise le public, n’apporte pas grand chose à sa musique qui peut trouver son épanouissement dans des directions plus originales.


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