Le 29 mai 2009 au Périscope.

A Lyon, le Périscope s’installe peu à peu comme un lieu incontournable du jazz. Suite à des problèmes techniques, nous n’avons pu relater dans ces colonnes le concert du nouveau quartet du saxophoniste Eric Prost avec Bruno Ruder au piano, Jérôme Regard à la contrebasse et Stéphane Foucher à la batterie. Nous aurons l’occasion de reparler d’eux. C’est Stéphane Foucher qui fait le lien avec le sujet du jour puisqu’il apparaissait ce 29 mai dernier dans le quartet de Tony Pagano en compagnie de François Gallix à la contrebasse et Etienne Deconfin au piano.

Tony Pagano et Etienne Deconfin
Le Périscope, Lyon, 29/05/09

Formé au classique et au jazz, Tony Pagano a tout au long de sa carrière accompagné son lot de pointures : Ella Fitzgerald, les frères Brecker, Buddy Montgomery, Herbie Hancock, etc, bref un curriculum long comme la route 66, aller-retour. Installé en France depuis une vingtaine d’années, il continue à souffler dans son ténor sans se soucier du temps qui passe. L’autre soir au Périscope, il a conquis le public par son talent et sa générosité dans un style post-coltranien extrêmement incisif. Des chorus et des improvisations enflammés sur un répertoire personnel et des reprises de grands maîtres convoqués pour l’occasion, Coltrane, Henderson, Coleman, soutenus par un trio brillant, ont emporté l’affaire en moins de temps qu’il n’en faut pour lire cette phrase. Un souffle exceptionnel, parfaitement maîtrisé, une sonorité chaleureuse comme une raucité habitée, ont démontré que le jazz est un état d’esprit qui se contrefout de l’âge pour ce jeune homme qui avoue 60 ans d’écart avec son pianiste tout juste majeur.

François Gallix et Stéphane Foucher
Le Périscope, Lyon, 29/05/09

A propos d’Étienne Deconfin d’ailleurs, gageons que son avenir sera florissant tant son aisance est grande face au clavier. Tony Pagano, en maître serein, à laissé au trio l’espace nécessaire pour que chaque musicien puisse développer son discours. La puissance brute de la paire Gallix / Foucher a fait merveille dans ce contexte explosif. C’était du jazz, ce soir-là, de la plus belle espèce, "un soir au club" à l’ancienne, avec une urgence : celle de tutoyer le ciel du bout de la note pour mieux convaincre et se convaincre qu’une vie de jazz puise au meilleur de l’humain sa justesse et son désir de sublimation.

Tony Pagano dit qu’il essaie de tomber amoureux de chaque note qu’il joue. Il dit aussi que la musique est la lumière. Sur scène, il le prouve. Respect.


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