Un nouveau sextet de choc assemblé par JB Culot !

Pour suivre l’actualité de Jean-Benoît Culot, il est préférable de faire partie de sa liste de diffusion : les courriels arrivent chaque semaine. On sait alors où, quand et avec qui jouera le batteur qui rayonne depuis sa ville de Caen, en Basse-Normandie et au-delà. Son programme se construit dans l’immédiateté, au gré des opportunités, des musiciens disponibles et des lieux prêts à l’accueillir. Le jazz de proximité vécu comme une urgence, il connaît et c’est son choix.

Du 8 au 10 août, une mini tournée est annoncée avec un sextet intitulé Bop de Rue et en sous titre "swing festif qui envoie" ! On ne s’attend pas à moins avec en figure de proue le saxophone alto incandescent (et les compositions) de Gaël Horellou épaulé par la science de trombone transmise par maître Thierry Lhiver, le talent plus que prometteur de Nicolas Leneveu au sax ténor, l’expérience du guitariste Loïc Réchard, dit "Lobo", la vigueur de l’excellent contrebassiste Géraud Portal et, à la base de l’édifice, derrière sa batterie : JB Culot.

Bop de Rue à La Cale
Blainville sur Mer (50) - Photo © CultureJazz

Ce dimanche soir, ce sextet était annoncé à La Cale, sorte de bunker s’ouvrant sur la mer, ancré sur la dune de Blainville sur Mer. Entre les moules-frites, les bulots mayonnaise, les galettes et les grillades, il y a toujours une petite place pour des musiciens, à la fortune du pot, comme on dit... Il faut accepter les conditions, le décor incroyablement kitsch, les spectateurs fans de mer et de plage plus que de jazz, un financement aléatoire... Certains diront que ça tue le métier, d’autres, comme ce soir-là, se disent que le jazz a construit son histoire et sa force dans de telles conditions : braver l’adversité pour que vive la musique !

Avec cette équipe réunie pour une mini tournée de quatre dates en Basse-Normandie (du 8 au 10 août), on pouvait légitimement s’attendre à un concert de qualité et ce fut un moment d’exception. Après avoir joué à 17 heures ce dimanche 9 août à plus d’une heure de route, après une installation "à l’arrache", il fallait tenter de commencer à l’heure. 21 heures, Rémi Voisin, le maître du lieu s’impatiente : il faut jouer ! Le matériel se met en place et les hommes se positionnent, face à la mer haute qui vient lécher la dune, le regard pointé vers l’ouest (le couchant ? l’Amérique mythique) et c’est parti pour deux sets et demi, entre standards, thèmes "historique" et compositions de Gaël Horellou.

Loïc Réchard, Nicolas Leneveu, Gaël Horellou, Geraud Portal, Thierry Lhiver, Jean-Benoît Culot : "Bop de Rue"
La Cale Blainville/mer (50), 9 août 2009 / Photo © Christian Ducasse

Bop de Rue n’a rien d’une fanfare. L’intitulé est ambigu. Le Bop de rue, c’est un peu comme le Street Basket : l’esprit sans les contraintes de forme et de règles établies. Si le be-bop est ici la référence historique, la forme reste libre, vivante et moderne. Plus près des univers d’Horace Silver, des Jazz Messengers de Blakey ou des Jazz Machines d’Elvin Jones, que de la référence Parker-Gillespie. Pour preuve, l’interprétation de Con Alma qui se démarque des références du be-bop/ latin jazz grâce à un bel arrangement de Gaël Horellou. La musique a ouvert ensuite ses horizons avec une bien beau développement du thème fétiche de l’altiste : Exploration.

Très inspirés, visiblement heureux de jouer, les six ont donné le maximum avec une grande générosité. On se gardera donc bien de mettre en avant l’un ou l’autre. C’est l’esprit d’équipe qui a primé tout en permettant à chacun d’exprimer sa spécificité. Servir la musique vivante avec conviction et sincérité, dans tous les contextes voilà une mission noble dont ils s’acquittent à merveille... La pratique du jazz est alors une école de la vie et une manière de se grandir : tous déclarent apprendre beaucoup de ces expériences collectives. Là est bien l’essentiel !


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