Samedi 31 octobre le sextet de Jack DeJohnette se produisait dans le cadre du cycle "We Want Miles" à la Cité de la Musique (Paris) pour un ciné-concert.
Dernier concert de la semaine dédié à Miles Davis ce samedi soir 31 octobre et compte tenu du programme « ciné-concert », la scène est l’objet d’un dispositif particulier : un grand écran situé derrière les musiciens et pour chacun d’eux un moniteur télé. Ainsi pourrons-nous regarder le même film en même temps.
Le Film projeté s’intitule « Jack Johnson » de William Clayton, de 1970.
Pour mémoire, Miles, lui-même boxeur amateur, a consacré un album (A Tribute To Jack Johnson) au boxeur noir qui remporta le titre de champion du monde des poids-lourds en 1910 et qui incarnait à ses yeux la liberté. Et pour la bande-son, le Jack DeJohnette sextet qui comprend la star du jour : Monsieur Jack DeJohnette à la batterie, 67 ans aux prunes et plus vert que jamais, partenaire de Miles en 1968, Jason Yarde aux sax soprano et baryton, clavier, Byron Wallen : trompette, flûte et clavier, David Fiuczynski guitare à deux manches, Jerome Harris à la basse électrique. Sans oublier Mark Pytel aux visuels.
C’est un moment étonnant parce que regarder le film ET les musiciens relève d’un mouvement pas du tout naturel. On est au cinéma : se prive-t-on de voir le film ? On est aussi au concert : se prive-t-on de regarder les musiciens ? Du coup, c’est tantôt l’un ou tantôt l’autre qui capte l’attention. Après une courte intro sur le thème « Jean-Pierre », les musiciens se mettent au service du film : ils regardent leur moniteur, fabriquent la bande-son musicale live complétée de dialogues et de bruits de foule de la bande-son originale et ne s’occupent pas des spectateurs qui regardent en même temps l’écran en fond de scène, derrière eux . Nous sommes mis à rude épreuve, ne serait-ce que pour « mesurer » l’adéquation musique live-évènements du film mais ça marche. Il n’est tout simplement pas facile de réagir comme au concert, à savoir d’applaudir les soli au fur et à mesure qu’ils adviennent parce que …. et bien … le film, lui, continue imperturbablement.
Il faudra attendre le rappel pour voir ce sextet jouer pour nous. Et là, ça déménage vraiment. Plus d’écran à regarder, plus de film qui défile : juste eux et nous. Épatant.
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