En résidence à l’Amphi de l’Opéra de Lyon, Lionel Martin n’a pas failli à sa réputation d’inlassable défricheur.




> Première partie

Sophia Domancich / Lionel Martin

Sophia Domancich & Lionel Martin
Opéra de Lyon, 16 09 2010

Lionel Martin est fougueux, les gens le disent, mais pas seulement. Il suffit de l’écouter en duo avec Sophia Domancich pour s’en convaincre. Nous ne savions pas vraiment ce que nous attendions de ce duo, mais nous l’attendions. Entre la pianiste aux volutes pianistiques incisives et le saxophoniste au phrasé inflammable, le lien musical s’est aisément tissé, l’espace sonore s’est agrandi autour d’eux, bousculé par leurs idées. Puisqu’il faut dire les choses, cela nous a semblé aussi organique que spatial. Le rapport cérébral de Sophia Domancich aux notes (comme un grondement maîtrisé avant l’éruption) et l’urgence du jaillissement propre à Lionel Martin se sont pacifiquement confrontés dans l’échange. Je vous épargne les développements musicologiques qui, soit dit en passant, ne m’intéressent pas plus que cela. Mais dans champ du ressenti, la prairie était belle. Le jeu en valait la chandelle et d’ailleurs, la bougie brûle encore.

> Deuxième partie

Rêve d’Ethiopie

UKANDANZ

  • Fred Escoffier, clavier
  • Damien Cluzel, guitare
  • Lionel Martin, saxophone ténor
  • Guilhem Meier, batterie
Ukandanz
Opéra de Lyon, 16 09 2010

Ethnique et électrique, la transe imposée par le rythme africain a mis le feu à l’eau. Il faut dire que Ukandanz donne à écouter une musique de derviche aussi accrocheuse qu’un hameçon dans la bouche d’un gardon. Le problème, c’est que nous, public, faisons office de gent aquatique. On accroche tout de suite et après, on a beau se débattre et tirer sur le fil, cela ne nous lâche plus. On se voue aux gémonies, on se vilipende mais le mal est fait et carrément bien fait. Mais vous savez comme c’est oppressant de sentir un piège se refermer sur les ouïes et de n’y rien pouvoir faire n’est-ce pas ? Alors au final, on se laisse hypnotiser par les yeux du Martin pêcheur magnanime (qui se marre avec ses potes) au moment où il nous attrape pour décrocher ce foutu bout de ferraille, gobé par gourmandise, avant de nous rejeter à l’eau. Dans l’affaire, on a oublié le goût de l’asticot. Va donc falloir revenir dans les parages et frayer dans les amorces sans trop s’effrayer si on voit le dessous du bouchon flotter au-dessus de notre tête...


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