16ème édition, au Théâtre de Caen le 19 mars.

La Nuit du Jazz est devenue un rendez-vous majeur du jazz en Basse-Normandie. Elle s’inscrit désormais tout naturellement dans l’opération Focus Jazz (n°4, déjà !) qui permet de fédérer les actions organisées dans divers lieux de la région tout au long du mois de mars.

Ce vendredi 19 mars, la soirée s’articulait autour de deux concerts dans la grande salle du Théâtre de Caen avec en intermède et en final la prestation du trio constitué de Paul Lay au piano, Priscilia Valdazo à la contrebasse et l’incontournable Jean-Benoît Culot à la batterie. En invité, le saxophoniste ténor Éric Prost a assuré de fort belle manière son rôle de soliste ravi de se livrer à des joutes amicales et captivantes lors de l’inévitable jam-session.

Jean-Yves Jung, Pierrick Pédron, Sylvain Beuf, Denis Leloup, Franck Agulhon...
Caen, le 19 mars 2010 - © CultureJazz

En première partie de soirée, le saxophoniste Sylvain Beuf présentait son nouveau sextet, une formation top-niveau où l’on trouve, outre le leader au sax ténor, Pierrick Pédron au saxophone alto, Denis Leloup au trombone, le pianiste Jean-Yves Jung, le contrebassiste Diego Imbert et, à la batterie, l’excellent Franck Agulhon. On se passera de commentaires sur la qualité des solistes, tous brillants, sur la mise en place irréprochable... Par contre, on se dit que cette musique a quelque chose de trop parfait et qu’il lui manque peut-être un grain de folie et d’impertinence pour qu’on dépasse la finesse des arrangements agencés avec expertise sur des compositions un peu fades. Certains spectateurs avisés se sont demandés s’il ne vaudrait pas mieux revenir au répertoire des standards... On aura passé un excellent moment. On aurait aimé être plus touché, voire transporté.

Patricia Barber, Sylvain Romano, Neal Alger, Eric Montzka...
Caen, le 19 mars 2010 - © CultureJazz

Avec Patricia Barber, l’ambiance est toute autre. La forme musicale importe moins que le fond et l’esprit vagabond et assez complexe de la pianiste-chanteuse (ou chanteuse-pianiste tant les deux dimensions du personnage se combinent sans s’équilibrer en fonction de l’humeur). Patricia Barber fait corps avec sa musique et nous transporte dans son univers à la Jack Kerouac. Il y a chez elle un côté beat generation renforcé sans doute par son rapport affectif à la littérature et à la poésie en particulier. Après un démarrage instrumental où le piano s’échauffe avec parcimonie, c’est avec Verlaine que le concert débute vraiment : "Dansons la gigue", chanté en français. Fragilité et élégance... Le programme de la soirée ne sera guère nouveau, alternant la reprise de standards pop-soul qu’elle aime à réduire à la structure la plus élémentaire (On the Road again, Black Magic Woman) et des "tubes" Barberiens : For company, Snow et le magnifique If I were Blue dans une atmosphère très nébuleuse.

Patricia Barber
A Vaulx Jazz 2010

Patricia Barber est une équilibriste qui ne s’impose jamais comme leader, aux antipodes d’une diva. Elle prend sa place dans le quartet en veillant à ce que la musique reste mouvante, vivante et libre. Même si les structures rythmiques sont souvent binaires, elle reste totalement dans l’esprit du jazz en valorisant le jeu collectif et l’expression des solistes. Le guitariste Neal Alger tient brillamment sa place avec un jeu contrasté qui renforce la couleur "rock" de certains thèmes. On remarque la présence du français de l’étape, Sylvain Romano, qui fut bien plus qu’un contrebassiste "de secours" en sachant entrer dans l’univers de la pianiste avec une certaine délectation. Pilier de l’ensemble, le batteur Eric Montzka est le maître du temps (et du tempo), fixant le cadre dans lequel la musique s’épanouit.

Un beau moment pour savourer une musique sans fard et sans paillettes : simplement authentique et originale.

Diego Imbert, Jean-Benoît Culot, Sylvain Beuf : jam-session à Caen !
19 mars 2010 - © CultureJazz
Zool Fleisher, Sylvain Beuf, Éric Prost, J-B Culot.
Caen, 19 mars 2010 © CultureJazz

Pas de Nuit du Jazz sans la jam-session finale au Café Côté Cour lancée par le quartet constitué de Paul Lay, Priscilia Valdazo, Jean-Benoît Culot et le saxophoniste Éric Prost, rapidement rejoints par Sylvain Beuf, Denis Leloup, Diego Imbert, Pierrick Pédron, le pianiste Zool Fleisher (invité surprise ?) entre autres...


> Lien :