Lyon, le 17 juillet 2010, Nuits de Fourvière.

  • Anouar Brahem : oud
  • Klaus Gesing : clarinette basse
  • Björn Meyer : basse
  • Khaled Yassine : darbouka, bendir

De quelle couleur est la note bleue du côté de la Médina de Tunis, là où naquit Anouar Brahem en 1957 ? De la couleur ensoleillée des pierres ? De l’ombre propice aux confidences dans les passages voûtés ? Une chose est sûre, la Médina n’a pas une architecture à proprement parler arabo-musulmane tel que le conçoit l’ethnocentrisme occidental. Elle est constituée d’une multitudes de sous-ensembles présentant chacun des particularismes prononcés dont l’imbrication forme le tout homogène. Il nous plaît de penser que la musique d’Anouar Brahem est à cette image. Marquée par son origine, ouverte à la modernité, elle sait allier les différences, les inclure dans une réunion qui les sublime et offre à l’auditeur une forme originale.

Son dernier projet en est un bon exemple : un clarinettiste allemand, un bassiste suédois, un percussionniste libanais l’accompagnent sur scène. A eux quatre, la musique qu’ils proposent est un ersatz aux parfums riches et subtils, un concentré d’humanité lié aux notes autant qu’aux silences. L’art de la suggestion est une ligne directrice et l’exercice est périlleux bien qu’il apparaisse évident, d’autant que l’exigence musicale d’Anouar Brahem est à la mesure de la complexité des modes dont il use dans ses compositions et ses orchestrations. Les quatre musiciens délivrent pourtant sans difficulté apparente le message d’universalité de la musique. Les mélopées marquent l’oreille d’abord, l’esprit ensuite, durablement.

Il est bon de sortir d’un concert comme celui-ci car on ne regrette rien tant il est doux d’être embrassé par une forme poétique rare. Au maître de la note, l’écho du silence. A nous, le don qu’il nous fait d’un art plénier emprunt de sagesse.


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