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LE HOT CLUB DE LYON

Dans la deuxième agglomération de France, Lyon, il y a trois clubs de jazz. Ce n’est même pas une misère, c’est une honte. Rien n’est fait pour qu’ils se développent et de plus en plus, ils ne doivent qu’à la passion de quelques bénévoles de proposer la musique la plus ostracisée par les médias qui soit : le jazz. Nous consacrons notre premier billet au Hot Club, le plus ancien club de la ville.

  Hier

Affiche collector
copyright Antoine Desnoyers

Le Hot Club de Lyon entre dans sa soixante-deuxième année. C’est un âge plus que respectable pour cette institution lyonnaise dont la longévité en fait sinon le plus ancien, du moins l’un des plus vieux clubs de jazz de l’Hexagone (vous avez le droit de nous renseigner si vous en savez plus). Fondé pendant la guerre en zone libre, le Hot s’est installé plus ou moins passagèrement dans différentes caves avant de se fixer en 1981 au 26 rue Lanterne, en plein cœur de Lyon.

Duke Ellington, 1969
copyright Hot Club de Lyon

Le Hot sous sa forme actuelle date de 1948 (une première émanation avait vu le jour en 1940). Henri Gautier, Henri Devay et Raoul Bruckert en sont les initiateurs et le président d’honneur n’est autre que Duke Ellington. Que ce soit sous les voûtes de la rue Bellecordière, de la rue de l’Arbre Sec ou de la rue Lanterne, entre autres, du beau monde y est passé : Sydney Bechet. Boris Vian, Juliette Gréco, Miles Davis, Chet Baker, Art Blakey, monty Alexander et bien d’autres y ont joué ou achevé la nuit pour le bonheur de leurs fans.

Louis Armstrong & madame en gare de Perrache, Lyon 1952.
copyright Hot Club de Lyon

Dans les années soixante-dix, les tenants de l’avant-garde et les partisans du bop ont quelques dissensions. De ces tensions naîtra l’ARFI [1] . A cette époque le Hot organise des concerts hors les murs : Sun Ra, Steve Lacy, l’Art Ensemble of Chicago, Count Basie Orchestra, Ray Charles, Gary Burton, Oscar Peterson. Notez au passage en 1978 que l’un des derniers concerts rue de l’Arbre Sec fut un solo de trois heures d’Albert Mangelsdorff. Quoi qu’il en soit, le Hot survit à toutes ces péripéties et s’assagit quelque peu dans les années quatre vingt dix / deux mille.

  Aujourd’hui

Le Hot organise environ deux cents concerts et accueille autour de douze mille personnes annuellement. Sa capacité est de 90 places. À moyen terme un aménagement de l’ensemble du sous-sol du bâtiment devrait permettre la création d’une loge et d’une salle de répétition. Quant à la programmation, Jean Berry affirme : « Le Hot Club est ouvert à tous les styles. Il propose aujourd’hui une variété unique retraçant l’histoire du jazz au fil du XXe siècle (new orleans, swing, manouche, bop, électrique), jusqu’à ses formes les plus contemporaines et ses passerelles avec les musiques du monde, les musiques actuelles ou électroniques. Nous essayons d’ouvrir la scène au maximum de formations locales et régionales qui en font la demande, et elles sont nombreuses... Sans oublier les groupes historiques qui font vivre le lieu depuis des années. »

Dan Tepfer, 2010
copyright Yves Dorison

La dernière nouveauté qui rencontre un réel succès est l’ouverture le dimanche. Ce nouveau créneau, plutôt inhabituel de prime abord, permet de recevoir la jeune garde du jazz new-yorkais d’aujourd’hui et pas des moindres (Will Vinson, Dan Tepfer, etc) sur un jour généralement « off » lors de leurs tournées. La scène dominicale est également disponible pour des associations lyonnaises proposant d’autres esthétiques, des thématiques pluridisciplinaires (projections, DJ’s etc).

À l’aube de 2011, le Hot continue donc d’agiter, en compagnie du Périscope et de la Clef de voûte sur lesquels nous reviendrons dans de prochains articles, la scène jazz lyonnaise. Et si ce n’est pas un musée, c’est à coup sûr un lieu patrimonial qui fait vivre une musique essentielle à nos pavillons.

Nos remerciements à Jean Berry & Frédéric Bruckert pour leur collaboration.

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> Lien :

[1Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire - www.arfi.org -