Machado s’envole et nous aussi

Marcheur, ce sont tes traces
ce chemin, et rien de plus ;
marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se construit en marchant.

écrivait Antonio Machado dans ses Proverbes et Chansons des Champs de Castille en 1917.

En 2011, un autre MACHADO, Jean-Marie, trace un chemin aérien avec "LES AMES PAPILLONS QUINTET", lui au piano, aux compositions et arrangements, Claudia SOLAL à la voix, Joce MIENNIEL aux flûtes et flûtiaux, Jean-Philippe VIRET à la contrebasse, Nicolas LARMIGNAT à la batterie.

Les Âmes Papillons Quintet - J-M Machado
Photo © Alexandra Lebon

Entre Bretagne et japoniaiseries (mais sans passer par le Berry), ce quintet superbe déroule les envoûtements de Machado qui nous font nous sentir assis juste au-dessus de notre chaise. D’abord et avant tout, il s’agit d’un voyage sonore inouï, surprenant, prenant. Rien de commun, pas de citations ni de clins d’oeil, juste un chemin qui se construit en marchant. Cette atmosphère d’un soir se déploie autour d’une nécessité permanente : la précision. Précision du phrasé, de l’attaque à l’archet, du gromelos, du coup de balai, des doigts sur le clavier, ….. Rien ne dégouline, rien ne bave.
Larmignat nous offre un récital de discrétion expressive aux balais et mailloches, Viret la joue sobre et claire, Miennel, d’un tuyau à l’autre apporte un son plus épais nourri de son souffle, Machado attaque son clavier les doigts pliés et fait décoller les sons comme en hélicoptère et Solal. Aaah Solal, LA voix.
Ici, ce soir, c’est comme un buisson d’asters (des étoiles) mauves colonisé par une troupe de Vanessa Io (des paons du jour !!) : parfois, tout le monde est posé pépère sur sa fleur, parfois, l’une ou l’autre s’envoie en l’air (si si) et s’élève tout là haut là haut là haut.

Et, avant de repartir sur nos chemins à construire, nous devons attendre un moment avant de sentir à nouveau le sol sous nos pieds.

> Le Triton, Les Lilas (93) - vendredi 25 novembre 2011 - 20h30

__0__

> Liens :