"Songs nos songs"... "Chansons pas chansons" !

Le premier concert de la saison 2012 / 2013 de l’association Mediamusic à Dijon s’est déroulé le mercredi 10 octobre à l’Athénéum de l’Université de Dijon. Au programme le quartet H3B de Denis Badault dont le nouvel album vient tout juste de paraître sur le label Abalone Productions (que pilote le violoniste Régis Huby).

Régis Huby, Denis Badault, Sébastien Boisseau et Tom Arthurs : H3B à Dijon.
© Jacques Revon

Premier pianiste du premier ONJ crée en 1986, Denis BADAULT dirigera à son tour l’Orchestre National de Jazz de 1991 à 1994.
Depuis, Denis Badault compose la totalité des répertoires pour ses différentes formations et ce sont les musiciens qui s’approprient ses musiques. C’est ce qu’il souhaite et d’ailleurs revendique.

H3B n’est ni un nom de code ni une nouvelle molécule, simplement comme se plaît à le dire Denis, « Une alchimie entre musiciens ».
Quand on lui demande aussi : quel type de musique jouez-vous ? Le pianiste sétois vous répond : « ...Enfant du jazz, c’est bien de se barrer de chez ses parents à l’âge de 18 ans…  »
À disserter !

Mercredi 10 octobre 2012, à Dijon, le nouveau CD du quartet (ou quatuor c’est un peu comme vous le sentez), vient tout juste de sortir du pressage, et les musiciens, comme nous ; le découvrons ensemble. "Songs no songs" c’est le titre de leur nouvel album.

Sébastien Boisseau, Régis Huby, Tom Arthurs avec H3B à Dijon - 10 octobre2012
© Jacques Revon

Le parisien Régis HUBY au violon, le nantais Sébastien BOISSEAU à la contrebasse, l’anglais de Corby Tom ARTHURS à la trompette et le sétois Denis BADAULT au piano jouent ensemble depuis 2009. C’est déjà une prouesse de grands musiciens éloignés les uns des autres que de pouvoir se retrouver et de partager une telle musique, certes une musique essentiellement écrite mais où les clivages n’ont pas leur place et où l’improvisation tient une part non négligeable.

Sur scène les musiciens donnent le ton dans leur présentation, certes le quatuor du type orchestre de chambre n’est pas très loin mais nous sommes bien dans un autre monde.
La trompette se fait mélodieuse, elle exprime une ligne poétique et se retrouve avec le violon en osmose. Chaque musicien s’approprie à son tour la conduite du groupe. Vont se succéder des allures rapides, des montées en puissance. Dans ce monde à quatre, chaque musicien est à l’écoute de l’autre. Des couleurs dominent, d’ordinaire plutôt tranchées puis elles se fondent sur la palette commune des quatre artistes, les expressions se superposent.

Denis Badault avec H3B à Dijon - 10 oct. 2012
© Jacques Revon

« Chansons pas chansons  » le pianiste revendique avec humour ce choix d’évocations mélodiques puis de multiples chahuts-bahuts. On se sent même parfois acteur de ce film qui se tourne sous nos yeux, la musique s’envole, revient sur terre, sautille. Comme deux êtres, piano et violon dialoguent, questions et réponses du tac au tac, l’engagement s’affirme, expressif et simultané de deux musiciens puis du groupe tout entier.
Passage de relais comme un fondu enchaîné au contrebassiste et à ce trompettiste venu du centre de l’Angleterre. La concentration est optimum avec un retour au calme et à la plénitude.
Les quatre musiciens font corps, ils sont totalement complices, sourires et regards, rien ne manque à ce concert unique mais aussi un peu mystérieux.
Un signe de la main de Denis et de nouveau une phrase surgit, pizzicato chez le violoniste, trompette de nouveau mélodieuse, évocations et soutien rythmique ardent de la contrebasse et du piano, la trompette continue, elle, de chanter, les changements de ton s’enchaînent, on avance dans l’espace des couleurs jusqu’à se perdre et brusquement le temps s’arrête...

> Prochains concerts de H3B : à Nevers, Chalon sur Saône, le New Morning à Paris, Tours puis en 2013 à Berlin...


Le disque :


> Denis Badault - H3B - "Songs no songs" - Abalone productions / distribution Musea - www.abaloneproductions.com

À lire sur CultureJazz.fr :

  • La chronique du disque précédent du quartet : Denis Badault "H3B"(par Thierry Giard - 24 décembre 2010)