Le trompettiste est décédé le 17 octobre 2012.

Le trompettiste Jean-François Canape est décédé mercredi 17 octobre. Il a été le compagnon de route des premiers collectifs parisiens au milieu des seventies (Dharma, le Machi Oul Big Band dirigé par Manuel Villaroel...). De formation classique, il fut l’un des trompettistes marquants de la scène jazz française des années 80-90 aux côtés du tentet "Générations" de Didier Levallet, des sextet et quartet de Gérard Marais, de l’Orchestre National de Jazz 89/90 de Claude Barthélémy, des octet et quartet de Sylvain Kassap, de Potemkine (avec l’ARFI, dans lequel François Raulin lui consacra un hommage à écouter en introduction du disque) et de la Marmite Infernale (ARFI), de l’orchestre "Les improvisateurs réunis" d’Yves Robert, du Grand Lousadzak de Claude Tchamitchian ou encore du Brass Band de Michel Marre. Il fut également remarqué aux côtés des frères Méchali, Jacques Mahieux, Louis Sclavis, André Jaume, Anthony Ortega...

> Portrait de Jean-François Canape en 1996, par Christian Ducasse (inédit).

D’une discrétion et d’une modestie hors du commun, il fut l’une des voix les plus émouvantes que l’on ait connu sur l’instrument en France. Tous les trompettistes de jazz français se mettront d’accord pour affirmer qu’il y avait incontestablement le "son Canape" avec son côté facétieux, à la fois fragile et déterminé, sa souplesse et la grande facilité qu’il avait de passer d’une note à l’autre.

Il affirmait dans une interview à Jazz Magazine en 1994 : « Mon souhait le plus cher est d’arrivé un jour à l’essentiel. Soit quatre notes, c’est à dire le maximum avec le minimum  ».
C’est ce que Jean-François Canape fit à l’âge de 50 ans, lorsqu’il sortit son unique disque sous son nom en trio ("K.O.N.P.S" sur le label Hopi) avec le batteur enchanteur Jacques Mahieux et le tubiste Michel Godard. La musique de ce trio fut aussi magnifique que chaleureuse, aussi bien sur scène que sur disque, avec sur quelques pistes un côté magique et inédit apporté par la voix de Mahieux, la flûte en bois de Canape et le serpent de Godard.

Si la trompette de Canape vient de se taire, il est encore possible d’apprécier ce trompettiste incontournable du jazz français sur les quelques disques cités en fin d’article. A ceux qui soupçonneraient que le disque est devenu un objet banal et que le jazz s’écoute essentiellement en live, nous seront heureux de leur dire que les albums sont parfois l’unique occasion de garder un souvenir des musiciens qui disparaissent trop vite. Pour les auditeurs qui n’ont pas eu le plaisir de connaître ce fameux trompettiste sur scène, ils pourront au moins se procurer le disque de son trio et tendre une oreille attentive à ses autres collaborations discographiques. Une façon de vous dire : « Eh bien non Canape n’est pas mort parce que sa musique, elle, est encore là.  »

> Discographie sélective :

> En leader :

  • Jean-François Canape Trio « K.O.N.P.S » (Label Hopi/1994) -
    Disponible ici.

> En sideman :

  • Sylvain Kassap Quartet « Strophes » (Label Evidence/1998)
  • Sylvain Kassap Octet « Senecio » (Label Evidence/1990)
  • Gérard Marais Sextet (Thelonious Production/1990)
  • Gérard Marais Sextet (Label Hopi/1998)
  • ONJ Claude Barthélémy « Claire » (Label Bleu/1990)
  • ONJ Claude Barthélémy « Jack-Line » (Label Bleu/1991)
  • Didier Levallet Tentet « Générations » (Label Evidence/1992)
  • Anthony Ortega Nonette « Neuf » (Label Evidence/1996)
  • Claude Tchamitchian Grand Lousadzak (Label Emouvence/1998)
  • Potemkine (Label Arfi/1997)
  • Louis Sclavis « Ca commence aujourd’hui » (Columbia/1999)
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Jean-François Canape faisait la une de Jazz Magazine en 1994
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