Un trio franco-suisse totalement inédit pour commencer l’année.

> Lyon, Collège Jean Baptiste De La Salle - Salle Sangoma Everett - "THE LS JAZZ PROJECT", vendredi 19 octobre 2012 à 19h30.

C’est chouette de retourner au collège, ça vous donne un coup de jeune.

C’est encore plus prenant quand il s’agit d’y écouter du Jazz et de pouvoir tourner le dos à ce foutu « blackboard ».
C’est un trio d’une grande plasticité de mouvement et surtout de caractère que nous voyons évoluer ce soir-là. Avec des touches imprévisibles que rien ne peut anticiper sur cette traçabilité improvisée.

Bruno Tocanne

Élodie Pasquier aux clarinettes, Bänz Oester à la contrebasse et Bruno Tocanne à la batterie, laissent naître des improvisations ostensiblement assumées sans aucun complexe.
Il y a des êtres qui ne sont faits que de compromis à tel point qu’on ne peut rien aborder ou presque avec eux, au risque de les heurter. Il y a dans la musique, quelquefois, le même écueil. À ne souvent oser, en priorité, que le superflu, on ne reste que dans des archétypes sans saveur sans odeur.
Aux confins de cette volonté il y a les musiciens qui ne craignent pas d’énoncer tous les soubresauts qui les transpercent durablement et dont leur musique ne fait que transpirer.
Là, on se sent concerné devant ces assauts sans renoncement, ce sera l’alibi objectif de cette soirée nous portant aux limites du risque, là où tout vacille dans un certain relâchement instinctuel, de l’autre côté de la partition qui ne sert en définitif que de canne blanche visuelle. Cette aspiration ne relève que de l’inspiration première dans un espace quasiment intemporel. Insuffler une pensée musicale, qui essaime son vrai visage sans outrance, relève de la pensée joyeuse aux exubérances salvatrices.
Ils ne s’enferment nullement dans une conscience endormie faite de pure technique qui ne leur servirait que de paravent en trahissant et masquant l’aspect imaginatif.

Bruno Tocanne s’allie à la théorie des nuances. Dans ce combat il soumet sa batterie à une férule qui attouche sensiblement les parcelles du moindre détail regorgeant de frémissements. Il s’agit tout au long de ce chapitre d’une apparition de délivrance entraînant une véritable pulsation expiatoire. C’est une vraie partie de bombance qui s’organise entre lui et son instrument.

Dans cet axe tourbillonnent les clarinettes d’Élodie Pasquier. Ses échappées roboratives éclairent, exhalent, des notes au souffle pur et parfumé d’innombrables lueurs ondoyantes. Dans ses soupirs la souveraine vénusienne a des allures incantatoires. Elle effeuille chaque note avec une diffusion d’intensité, qui se parsème dans les arches d’un jazz incandescent.

La contrebasse est tenue par des mains avides de partage qui empruntent une gestuelle élastique en crochetant les cordes rendues chatouilleuses. Bänz Oester pratique un modelage avec son cordage, qui se détourne tout simplement du prêt à penser et du prêt à écouter. Il joue avec les espaces les intervalles, en se laissant guider par ces petites vacuités intransigeantes qui imposent un dépassement avec la matière auditive.

Ils s’enrichissent ainsi mutuellement en conservant leur empreinte propre, pour faire éclater entre eux des assemblages prolixes. Aucun des trois ne réside de façon surnuméraire, chacun à sa place bien délimitée bien calibrée. On perçoit vite qu’ils ont cette faculté de s’abstraire du lieu pour mieux dominer leurs différents écarts, tel un peintre qui entre en effraction dans sa toile avec la matière qu’il lui injecte.
Ils apparaîtront scellés durant une heure, en totale complaisance triangulaire. Pour se livrer au feu sacré de cette essence suprême qui laisse libre court à ces instantanéités irréversibles. Une musique ainsi déployée vous emporte plus qu’elle ne vous lasse.

Le premier concert de la saison « The LS Jazz Project » a tenu toutes ses promesses. Devant une centaine de jeunes convives attentifs et scrupuleusement à l’écoute d’une musique exigeante.

Pour plus d’infos sur The LS Jazz Project :

> Lire la présentation du projet Jazz au Collège (The LS Jazz Project), par Yves Dorison en décembre 2011.


> Liens :

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