Second épisode 2014...

Il n’est pas impossible que Christophe MONNIOT dispose d’une soupente où dérouler son futon voire d’un bout de canapé au Triton.
Histoire de ne pas perdre trop de temps en déplacements entre les différents concerts auxquels il participe dans ce lieu épatant, en leader ou en invité. Y’a pire comme résidence secondaire que le Triton.

Ce soir, Roberto NEGRO trio invite le MONNIOT en question dans le second opus de sa quarte blanche. Après Louis SCLAVIS en janvier dernier. Que du beau monde donc.

Roberto NEGRO au piano et claviers, Adrien CHENNEBAULT à la batterie et Jérôme ARRIGHI à la guitare basse, le MONNIOT aux sax et mini clavier.
Le concert de janvier avait déjà révélé l’écriture particulière des morceaux interprétés : une écriture proche de celle d’une nouvelle. Littéraire. Écriture longue, plus longue qu’un morceau de jazz as usual, et développant plusieurs parties. Vraies suites, fausse suites, enchaînement de morceaux sans pause-applaudissement : Objet lumineux, Chanson 1, Give me eleven, Direction technopole, etc.....

Christophe Monniot - Le Triton, nov. 2013
© Florence Ducommun
© Florence Ducommun

Hormis un morceau d’Ornette Coleman réécrit par Monniot, qui nous dégage le conduit auditif mieux qu’un perforeuse nanométrique avec amplificateur incorporé et dont de méchants écolo-radicaux pourraient s’emparer pour provoquer des avortements en série dans les élevages industriels de truies bretons, le reste du programme s’avère séduisant, attachant, scotchant, surprenant, déroutant, imposant, en même temps.

MONNIOT en plus que grande forme trouve un public conquis dans ces trois créatures allumées du premier rang dont les gloussements, ricanements, dandinements ne vont pas manquer de l’inviter à en rajouter : il ose !!!

Outre l’écriture longue, ce malin de Roberto Negro utilise les « soudain, subitement, c’est alors que ... » et d’un seul coup !!! le rythme furieux qui nous emportait devient ambiance, bruitage, presque Music for Airport avec tout le temps nécessaire pour que les choses s’apaisent, que le cœur se calme, qu’on croit qu’elle est arrivée, la tranquillité. Avant un nouveau « Mais soudain » qui relance l’intrigue.

Il y a du PADURA et ses «  Brumes du passé » dans cette musique, du Reverdy et «  Les évaporés » voire même du Céline Minard avec son « So long, Luise ». Comme un style à découvrir à travers de longues phrases-séquences qui jettent le lecteur/auditeur dans la confusion et le lâcher prise jusqu’à ce qu’il rende les armes en se susurrant à lui-même :
- OK, j’arrête de penser, envoie-le, ton solo !!!

> Le Triton - les Lilas (93) - vendredi 7 février 2014 à 21h00
Roberto Negro : piano / Adrien Chennebault : batterie / Jérôme Arrighi : basse / Christophe Monniot : saxophones


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