Le chant, la voix au féminin et au masculin.

Si on chantait ? Au féminin comme au masculin, cette vitrine de disques du mois de novembre 2014 est consacrée entièrement à la voix.

Au sommaire :


  Eric BIBB : "Blues People"

Eric BIBB "Blues People"
Dixiefrog

Eric Bibb (né à New-york en 1951, basé désormais à Londres) aime à se présenter comme un troubadour. Fier de l’héritage de son père Leon Bibb, artiste-militant, il porte des messages d’amour et de paix mais il alerte aussi. "Quand on voit à quel point ce nouveau millénaire est marqué par le sectarisme et les conflits tribaux, l’audace d’un Martin Luther King nous fait grandement défaut" déclare-t-il. C’est pour cela que "Blues People", ce nouvel album est un hommage à la ténacité militante du pasteur d’Atlanta mais aussi à l’ouvrage du poète-écrivain LeRoi Jones "Amiri Baraka" (1934-2014), "Le Peuple du Blues".

Reprenant le concept des concerts "engagés" des années 60 qui réunissaient des artistes porteurs d’un même message, il convie nombre de ses amis musiciens au fil des plages (lire le détail ci-dessous).

Ce magnifique album proposé dans un livret au graphisme très "western" est une fresque colorée, vivante abordable et d’une grande profondeur qui marie harmonieusement les courants des musiques afro-américaines.
Blues, soul, folk, gospel aux couleurs parfois africaines et caraïbes s’associent pour porter ce message de paix et de tolérance. La voix d’Eric Bibb prend ici toute sa force.

.::Thierry Giard: :.

> Dixiefrog DFGCD8768 / Harmonia Mundi

Eric Bibb : voix, guitares /+ selon les plages/ Taj Mahal : voix et banjo / The Blind Boys Of Alabama : voix / J.J Milteau : harmonica / Guy Davis : voix et guitare / Ruthie Foster : voix / Popa Chubby : guitares électriques / Harrison Kennedy : voix / Glen Scott : piano, basse, batterie, orgue, claviers, melodica… voix / Linda Tillery, Andre De Lange, Leila McCalla : voix / Staffan Astner : guitares / Michael Jerome Brown : guitares / Paul Robinson : batterie et percussions / Neville Malcolm, Desmond Foster : basse, contrebasse

01. Silver Spoon / 02. Driftin Door To Door / 03. God’s Mojo / 04. Turner Station / 05. Pink Dream Cadillac / 06. Chocolate Man / 07. Rosewood / 08. I Heard The Angels Singin’ / 09. Dream Catchers / 10. Chain Reaction / 11. Needed Time / 12. Out Walkin’ / 13. Remember The Ones / 14. Home / 15. Where Do We Go // Enregistré à Londres et en Suède en 2013 (?)

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  Peg CARROTHERS : "Edges of my Mind"

Peg CARROTHERS : "Edges of my Mind"
Vision Fugitive

En écoutant , écoutant ( tant et tant ) ce très beau disque, je repense à une chansonnette de Graham Nash dans les années 70 : "I am a simple man and I sing a simple tune". Transposée au féminin, ce pourrait être la devise de Peg Carrothers.

Elle chante et nous enchante parce qu’elle n’est pas "du métier". Elle est bibliothécaire et prend grand soin de sa famille. Chez les Carrothers, la musique est fondamentale dans leur vie à Mass City, tout au nord du Michigan, près du Lac Supérieur, bien loin de l’agitation des métropoles. Un contexte déterminant pour comprendre la paix et la sérénité qui transparaissent dans ces chansons assemblées avec soin. Des mélodies qui racontent une tranche d’histoire contemporaine de la musique américaine-européenne de 1856 à 2004 (Les dates sont mentionnées : souci de précision documentaire, encore un trait de la famille !).

"Edges of my Mind" n’est pas le premier disque sous son nom ( il y avait "Blue Skies" en 1999, jamais écouté pour ma part ). C’est surtout aux côtés de son mari, Bill, que sa voix nous est devenue familière (Armistice 1918, Sunday Morning... et le projet D.Day en Basse-Normandie ce printemps 2014) : pureté du timbre, précision du phrasé habillage subtil des mots...

Aujourd’hui, le label français Vision Fugitive (co-dirigé par Philippe Mouratoglou, Jean-Marc Foltz et Philippe Ghielmetti) enrobe cette musique dans le superbe écrin aux couleurs diffuses qui contient un livret illustré d’images de l’Amérique rurale des années 40.
Rien que le piano tout en finesse, la contrebasse sobre et les échos de blues d’une guitare pour se mêler au chant de Peg Carrothers. Les Stones, Michel Legrand, Aerosmith... le répertoire est éclectique mais interprété dans une parfaite unité de style. On trouvera même une chanson originale, "Hold on", injonction à rester clairvoyant sans doute puisqu’elle conclut avec "I Can see Clearly Now", le vieux tube de Johnny Nash (autre Nash !).
Oui, c’est bien clair, on le voit et l’entend : cette femme lucide chante simplement mais avec force une musique qui défie le temps.

.::Thierry Giard: :.

> Vision Fugitive VF313009 / Harmonia Mundi

Peg Carrothers : voix / Bill Carrothers : piano / Dean Magraw : guitares, mandoline / Billy Peterson : basse / Gordy Johnson : basse sur4 et 5

01. Gentle Annie (S. Foster - 1856) / 02. Once Upon A Summertime (Mercer-Legrand-Barclay-Marnay - 1954) / 03. Dream On (S. Tyler - 1973) / 04. Edges of My Mind (P. Harbison - 1994) / 05. Listen Here (D. Frishberg - 1981) / 06. For All We Know (Coots - Lewis - 1934) / 07. Sympathy For the Devil (Jagger - Richards - 1968) / 08. Hold On (P. Carrothers - 2004) / 09. I Can See Clearly Now (J. Nash - 1972) // Enregistré à Minneapolis (USA) en 2013.

> Retrouvez ce disque présenté dans "La pile de disques" de novembre 2014. Ici !

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  Molly JOHNSON : "Because of Billie"

Molly JOHNSON : "Because of Billie"
Universal

Johnson Molly s’amollit-elle en studio ? C’est l’impression que nous donne ce disque où elle n’arrive pas à sa propre cheville, Molly. Derrière elle une machine à swing attend qu’elle s’envole. Et elle attend en vain. C’est propre, ça se promène tranquillement. Est-ce la production qui est fautive ? On se pose la question, enfin on fait semblant. Enregistré paraît-il en quatre jours, ce disque est trop lisse pour que l’hommage à Billie soit conséquent. Si émotion il y a, elle est tiède, assez, et désincarnée, presque.
Quelques titres se démarquent un peu du ronronnement général, ce qui est malgré tout insuffisant pour tenir la distance et relever le niveau. Et c’est bien dommage car Molly Johnson ne mérite pas cela. Pour l’avoir vue sur scène, je vous garantis que sur ce CD, elle est très loin d’exploiter tout l’éventail de ses capacités.
Ceci étant, la maison de disque à soigné le package avec une pochette Make up appuyé, épaules nues et “photoshopage” XXL, allant même jusqu’à oser le gardénia dans les cheveux. A croire que l’amie Molly n’est plus celle qu’elle est. Diantre ! serait-ce encore un coup du capitalisme sauvage ?
C’est bientôt Noël, un beau cadeau politiquement correct à faire à celles et ceux que vous détestiez cordialement. Cela ne leur fera aucun mal et ce sera toujours mieux qu’une compilation de Marcel Amont.

.::Yves Dorison: :.

> Universal 0602537871339 / Universal Music France

Molly Johnson : voix / Mike Downes : contrebasse / Colleen Allen : cuivres, accordéon / Robi Botos : Piano / Terry Clarke : batterie /+ ?/

01. Body & Soul / 02. What a little moonlight can do / 03. Fine & Mellow / 04. Them there eyes / 05. You’ve changed / 06. God Bless the child / 07. How deep is the ocean / 08. Strange fruit /09. Lady sings the blues / 10. Do nothing’til you hear from me / 11. You go to my head / 12. They can’t take that away from me / 13. Now or never / 14. Don’t explain

> Retrouvez ce disque présenté dans "La pile de disques" de septembre 2014. Ici !

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  RAVEN : "Chercheur d’orage"

En ouvrant la simple enveloppe kraft qui contenait la petite-galette promotionnelle dans son fourreau cartonné, quelque chose est tombé. Un oiseau de papier plié, minuscule, comme celui que Manu Domergue dresse avec l’élégance d’un maître-épervier sur la pochette de ce disque. Un signe ! Il y a donc de l’humain là-dedans. Du fait main...

Un corbeau, l’oiseau. Celui qu’on craint et maudit dans les croyances populaires est la mascotte de ce groupe, Raven, que guide le musicien-chanteur Manu Domergue. Ils ont remporté le concours du festival "Crest Jazz Vocal" en 2013. On ne s’en étonnera pas en écoutant ce disque singulier où les textes chantés s’insèrent avec une grande cohésion dans des parties instrumentales très maîtrisées. Ce quartet (sans instrument harmonique : ni piano, ni guitare...) nous permet de découvrir de jeunes musiciens capables de trouver leur voie hors des sentiers battus d’un jazz "moderne" souvent formaté. Indiscutablement, le mellophone, ce cor de fanfare si rare dans le jazz n’y est pas pour rien.

Le leader chante avec une voix toute en nuances, maîtrisée et assurée. Il met en forme de très beaux textes avec des qualités expressives indéniables, s’offrant même un solo à voix multiples (magie de la technologie), reprenant à son compte et avec quelle aisance le fameux Black Crow, ce corbeau qui hantait le disque légendaire de Joni Mitchell, Hejira.

Les invitées ne font pas de figuration comme en témoigne Mônica Passos, formidable chanteuse dans "Ils choisissent la nuit". Quand le projet a du sens, tout coule de source et les apports des voix conviées ne font que contribuer à mettre en évidence la valeur de cette musique.

J’ai gardé précieusement l’oiseau de papier. Souhaitons qu’il devienne grand sans se brûler les ailes : Raven le mérite.

.::Thierry Giard: :.

> Gaya Music Production / Socadisc

Manu Domergue : chant, mellophone / Raphaël Illes : saxophones / Damien Varaillon-Laborie : contrebasse / Nicolas Grupp : batterie, glockenspiel /+/ Mônica Passos, Kamilya Jubran et Leïla Martial

01. Glopin / 02. Chercheur d’orage / 03. Invocation I / 04. Nevermore / 05. Ils choisissent la nuit / 06. Le stratagème / 07. Black Crow / 08. Invocation II / 09. Ghorab / 10. Les corbeaux / 11. Invocation III / 12. Black is the Color / 13. The Winged Sailor // Enregistré en France les 19, 20 et 21 Avril 2014

> Retrouvez ce disque présenté dans "La pile de disques" de novembre 2014. Ici !

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  Lara SOLNICKI : "Whose Shadow ?"

Lara SOLNICKI : "Whose Shadow ?"
autoprod. Canada

Si l’on en croit la liste des chansons interprétées dans ce disque, Lara Solnicki est adepte du grand écart, car de Purcell à Peter Gabriel, comme de Kate Bush à Jimmy Rowles, il y a plus qu’un pas à franchir. La chanteuse torontoise, formée d’abord en chant classique, l’ose et offre un disque hybride dans lequel il arrive qu’on se perde.
Elle a indubitablement une très belle voix et d’excellents musiciens, mais cela n’a pas suffi à gagner notre attention.
Le disque défile et l’on s’aperçoit soudain qu’on ne l’écoutait plus. Peut-être un surplus de demi-teintes, un manque de relief. Comme avec Molly Johnson, c’est un peu regrettable car le potentiel de Lara Solnicki est bien réel.

À suivre, en fonction des goûts et des couleurs.

.:Yves Dorison: :.

> Autoproduction LSMCD002 / www.larasolnicki.com

Lara Solnicki : voix / Mark Kieswetter : piano, rhodes and arrangements / George Koller : basse et contrebasse / Ted Quinlan : guitare / Nick Fraser : batterie / John Johnson : saxophones ténor et soprano, flûte et clarinette basse / Lina Allemano : trompette / Ernie Tollar : flûte bansuri / Davide DiRenzo : percussion.

01. Sunset (K. Bush) / 02. Freedom Dance (Pisano, Del Barrio, Reeves) / 03. La Flûte Enchantée (Ravel - Klingsor) / 04. Music For A While (H. Purcell) / 05. Jim The Dancer (L. Solnicki) / 06. A Timeless Place (The Peacocks) (J. Rowles - N. Winstone) / 07. Shades Of Scarlette Conquering (J. Mitchell) / 08. Mercy Street (P. Gabriel) / 09. Jill and Chloe (L. Solnicki) / 10. I’ll Remember April (Johnston - de Paul - Raye) // Enregistré au Canada en 2013-2014 (?)

> Retrouvez ce disque présenté dans "La pile de disques" d’octobre 2014. Ici !

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