Le pianiste Franck Amsallem invité du Jazz Club d’Auxerre le 23 février.

Avec une programmation d’une quinzaine de concerts d’octobre à juin, le Jazz Club d’Auxerre est géré par une association très active et dynamique qui semble avoir fidélisé un public attentif et curieux. De la Marmite Infernale au groupe d’Etienne Mbappé en passant par le trio de Denis Colin, il y en a pour tous les goûts avec un accent particulier mis, cette année, sur la basse électrique... La formation présentée ce soir-là par le pianiste Franck Amsallem n’entrait pas dans cette thématique puisque Sylvain Romano jouait bel et bien une bonne vieille contebasse en bois massif, à la sonorité ronde et chaude !

Franck Amsallem
à Auxerre le 23 février 2007

Le premier set s’est déroulé exclusivement en trio (et quel trio !) alors que le second permit de découvrir (pour notre part) la chanteuse Stephy Haik.

Franck Amsallem n’est pas un musicien exhubérant (plutôt du genre posé et quelque peu intraverti), entièrement concentré sur la musique qui se fait dans l’instant. Chaque note est pensée et pesée avec, toujours beaucoup de feeling et de swing. L’influence ellingtonienne est très prégnante chez lui et plus particulièrement celle de Billy Strayhorn (auquel Amsallem a consacré son dernier album : A week in Paris, chez Nocturne - 2006). C’est ainsi que nous avons pu savourer la belle composition de Strayhorn : Isfahan, (extraite de la célèbre The Far East Suite d’Ellington) lors du premier set et une superbe interprétation de Lush Life, en piano solo, touche finale de ce concert.





Sylvain Romano (contrebasse) - Karl Jannuska (batterie)
Photo © Culturejazz

Si l’on a évoqué l’efficacité du jeu de Sylvain Romano à la contrebasse, on ne saurait passer sous silence ce formidable batteur qu’est Karl Jannuska. Avec un sens de l’écoute, une créativité sans failles pour faire naître des figures rythmiques complexes mais toujours pertinentes, ce batteur impressionne. Sa présence dans ce trio est un atout majeur, sans aucun doute ! Son solo sur Out a day, composition du pianiste basée sur Love for Sale de Cole Porter constitua un moment fort de ce concert.




Franck Amsallem (piano) - Stephy Haik (vocal) - Sylvain Romano (contrebasse)

Avec l’arrivée de Stephy Haik, la musique ne changea pas fondamentalement. La présence de la chanteuse, simple, chaleureuse, permit de faire éclore certaines compositions qui permirent à Frank Amsallem de se montrer un peu plus incisif. Pour beaucoup, sans doute, Stephy Haik fut une découverte. Naviguant discrètement dans sa carrière entre le jazz (avec Dédé Ceccarelli, entre autres) et une certaine variété de qualité (La Nuit Américaine de Lambert Wilson), elle possède un potentiel étonnant forgé en grande partie Outre-Atlantique (elle est franco-américaine !).




F. Amsallem, Stephy Haik, K. Jannuska, S. Romano

Stephy Haik fait partie de ces vocalistes qui, sans réellement improviser, savent jouer habilement de la mélodie pour étirer, modeler le texte et se l’approprier. Ce soir là, son jeu avec une mélodie comme From this moment on fut des plus convaincants. Entre des intonations faussement naïves (vagues similitudes avec Blossom Dearie) ou un jeu habile sur la mélodie (on pense à Meredith D’Ambrosio...), Stephy Haik est une vocaliste qui mérite l’attention et le succès qui va avec !

A travers ce concert, on a pu mesurer encore la vitalité du jazz en Bourgogne : qualité de la programmation, qualité également de l’accueil du public dans une salle très adaptée. Heureux bourguignons !


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Franck Amsallem (piano) - Sylvain Romano (contrebasse)
Photo © CultureJazz