Huit pour créer in situ

Ils descendent l’escalier, colonisent la « scène ». On croirait entendre Genaro intimer à son apprenti Castaneda « cherche et trouve ta place, là, quelque part ». Alors ils bougent, se reniflent, la cherchent, leur place : prés du mur ? Là à côté de lui ? Plutôt derrière celle-là ? Ah oui, au bord du public, c’est pas mal non plus.....
Et nous plongent sans délai dans le creuset humain : une se bat avec une chaise, les autres face à elle : West Side Story ?
Synchronisations, écho, parallélisme. Des alliances locales se créent, se défont. Interdépendance.

Ensemble vs éparpillés, muet vs loquace....
Pendant qu’un semblant de discours elliptique tente de... , une comédienne métacommente pour le public façon je dis ça je dis rien ....
La ligue d’improvisation, tiens, ça y fait penser.
L’espace, des corps-objets, détournement.
Comment dire de la manière la plus concise possible le maelström des pensées qui m’habitent ? Ça va trop vite dedans, ça sort haché comme une viande à pâté, un cheval-une alouette. Impermanence, aléas, ruptures, incidents, détours, rebondissements, idées avortées, stérilet.
Et puis, on participe au groupe de parole de Vol au dessus d’un nid de coucou. En mieux. Un groupe de paroles envoyées à la kalachnikov, tue-moi si tu peux, le jour des questions au gouvernement. Porté par cet élan, le groupe touche à l’acmé avant la nécessaire redescente pas forcément bad trip pour oser le silence, le wu wei qui va bien, attendre que la vie change. Paroxysme de rien.
Temps de musique, pause verbale.
On la connaît par cœur la séquence « repas dominical-gigot-flageolets-Saint-Amour-Simone engueule Gérard qui vote FN-Didier engueule Simone qui vote Mélenchon ». Algorithme hebdomadaire.
Mais ici, devant nos yeux ?
De l’inattendu, du renversé, des gamineries, des chorégraphies, un bal, des collisions. D’autres paroxysmes.
Et puis, parce que tout ça est pétri d’émotions partagées, il est question de manière récurrente et poilante d’une plage ( « on avait dit qu’on n’en parlait pas !!! »), d’un stérilet ( « il manque un stérilet, merci de le rapporter »-adresse au public ), d’un running gag « il/elle adore faire ça ».

Comment ça, c’est déjà terminé ?

Avec des musiciens : Guillaume ROY, François MERVILLE, Pierre TEREYGEOL, Leïla MARTIAL, et des comédiens : Corinne FRIMAS, Lisa PAJON, Mathieu MONTANIER, Hedi TILLETTE de CLERMONT TONNERRE.

Vendredi 1er avril 2016
Atelier du Plateau
Impasse du Plateau
Paris 19è