Deux grandes formations pour un travail laissant une large place à la "composition instantanée" : de nouvelles directions d’orchestres ?
Nous parviennent, presque en même temps, deux doubles albums consacrés aux liens entre improvisation, orchestration et direction d’orchestre. Dans les deux cas, de grandes formations et un travail intéressant : avis aux oreilles curieuses !
La Pieuvre est dirigée par Olivier Benoit, guitariste, membre du collectif lillois "Le Crime" et spécialiste de la composition orchestrale basée sur la direction gestuelle. Graffiti suite, composée et dirigée par Norbert Stein ( qui est aussi saxophoniste par ailleurs) met en scène le NDR Big Band, une quasi-institution du jazz en Allemagne qui prouve ici qu’il peut avec le même sérieux s’adonner aux pratiques d’improvisation ou servir la musique d’Abdullah Ibrahim par exemple (Ekapa Lodumo / Enja - 2001).
Dans ces deux disques, la conception conventionnelle du jazz est laissée de côté au profit d’un travail sur la matière sonore qui renvoie plus aux compositeurs contemporains ( Varèse, Stockhausen...) qu’aux géants du swing. Cependant, il n’est pas question, là, d’improvisation libre. Dans la lignée des travaux de Butch Morris ou encore, de certaines pratiques de l’ARFI, il s’agit plutôt de créer dans l’instant des structures aléatoires à partir de signes, qu’ils soient gestuels ou écrits. Les deux leaders, Norbert Stein et Olivier Benoit revendiquent donc totalement un statut de compositeur et de chef d’orchestre.
Deux disques qui permettent de découvrir des horizons moins conventionnels mais qui font partie intégrante de la sphère des musiques intégrant l’improvisation, donc aussi du jazz dans son acception la plus large. On regrettera simplement qu’il nous manque l’image pour une musique aussi dépendante du geste et des interactions orchestrales. Le DVD deviendrait-il le média le plus adapté à la diffusion des musiques improvisées enregistrées ? A discuter, sans aucun doute !
> Références :
> Liens :