NB : les avis sont partagés entre ce concert et le disque ! (voir en bas de page !).

> Le concert

Allez, on oublie les trois ou quatre premiers morceaux en solo de Federico CASAGRANDE, à la guitare et quincaillerie électronique. On oublie. Mon voisin, Camille MARTIN, éco-terroriste de la mouvance ultra-gauche anarcho-autonome, lâche dans un soupir à fendre le granit : «  bon, jusque là, on a échappé à Jeux interdits, la Chaconne de Bach et... ». Une autre Camille, ( Camille DUPONT, de l’idéologie décroissante utopiste dégénérée ) en rajoute une couche : « ouais, on a aussi évité Aranjuez et Asturias... pour le moment.... ».

Non, on n’est pas planqué au ras du sol derrière une barricade au barrage du Testet, on se trouve au Studio de l’Ermitage. L’Ermitage, autant dire un lieu de repli. Sur soi. Et ces mauvaises langues ne disent plus rien après le cinquième morceau toujours en solo. Grâce à la quincaille électronique embarquée, voilà que la guitare réussit, dans un grand moment de musique augmentée, à convoquer là, sous nos yeux, un mix de oud et de Kora.

Puis entrent Vincent COURTOIS et son violoncelle pour un duo avec le guitariste du soir. Et, là, révélation : la scène semble prendre de la profondeur, de la hauteur, de l’épaisseur, de la densité, du..., de la..., des..... Mais c’est bien ça : nous sommes passés en musique 3D avec l’arrivée de Courtois. À quoi ça tient cette différence qui fait la différence, hein ? À un sideman de luxe, un vrai de vrai, « un mâle dominant »murmure Camille Hikmet, saccageuse subversive, en arborant une délicieuse rougeur genre c’est quand il veut....

Puis les rejoignent Vincent PEIRANI et son accordéon pour Let’s go, see around the corner. Un trio tranquille pour une petite musique en forme de balade pépère sous les arbres déplumés, avec un faux air de Marc Péronne, une petite musique qui vous colonise l’esprit en jouant le papier collant du capitaine Haddock.

COURTOIS les quitte et, le temps de deux morceaux, PEIRANI lâche les chevaux de ces trois poumons. Ce mec habite le silence et ensuite... il l’habille. Trègrossolo accordéonneux qui apporte à la 3D de Courtois, une palette de couleurs à rendre jaloux un nuancier. Pffff.... Encore, encore...plizzz...pourquoi s’arrêter déjà ?

Enfin, Christophe PANZANI et son ténor entament le dernier duo. Solide sur ses jambes, le sax dans l’axe, sans effort, il envoie un très joli solo avec un son qui n’est pas sans rappeler Charles Lloyd : duveteux avec du souffle qui frotte et accroche le long du tube et de la poésie aussi. Une histoire, il raconte une histoire, avec des silences, des petits mots, des envolées. Le genre de truc qui ne passera jamais dans la musique au kilomètre des centres commerciaux. Une musique simple et belle.

Voilà : CASAGRANDE a eu l’intelligence de s’entourer de trois grands musiciens, rien de mieux pour mettre la barre assez haut et voir le chemin à parcourir pour les rejoindre. Courage, ce n’est qu’un combat, continuons le début !!!

Studio de l’Ermitage - 8 rue de l’ermitage - 75020 PARIS

  • mercredi 26 novembre 2014 à 20h30.

Le disque :

> Federico CASAGRANDE : « At the end of the day »

Federico CASAGRANDE : "At the end of the day"
Federico CASAGRANDE : "At the end of the day"
CamJazz



Des points de vue sur cette musique à l’écoute du disque :



> CamJazz CAMJ 7877-2 / Harmonia Mundi

Federico Casagrande : guitare / Michele Rabbia : percussions, électronique / Vincent Courtois : violoncelle / Vincent Peirani : accordéon

01. Once Upon A Time / 02. Let’s Go See Around The Corner / 03. Some More, Please ! / 04. Can You See It / 05. Maybe Not This Time / 06. Melancholia / 07. It’s All So Rarefied Out There / 08. So Clear You Speak / 09. All That’s Left Behind // Enregistré à Paris (Studio Acousti) du 13 au 15 janvier 2014.