Cent dix-neuvième étape

Camille Cosyns

À Mâcon où pour clore un festival 2017 très relevé, il fallait une formation très enlevée. Supersonic (avec Thomas De Pourquery, saxophone & chant,Edward Perraud, batterie, Laurent Bardainne, saxophone ténor, Frédéric Galiay, basse, Fabrice Martinez, trompette, Arnaud Roulin, clavier) au Crescent Super festival était de bon augure bien que les dieux du ciel aient contrarié le concert des stagiaires, l’obligeant au repli dans le club et privant ainsi les festivaliers d’une première partie sur la grande scène qui est toujours un beau moment d’échange musical et humain. Cela se ressentit d’ailleurs sur l’ambiance de l’esplanade qui en début de concert eut quelque peine à décoller. Pas la faute aux agités présents sur scène qui débutèrent le set bille en tête avec cet entrain qui les caractérise tout autant que leur musique. De titre en titre les couleurs multiples de vents, propulsés par une rythmique précise et bétonnée ne laissèrent rien au hasard pour satisfaire un auditoire demandeur. L’humour décalé du maître de cérémonie ajouta la nécessaire once de rigolade, celle qui permet de faire passer l’un ou l’autre des messages assurément engagés de ces « Sons of Love ». Nous fûmes néanmoins lents à entrer dans cet univers musical coloré et en ressortîmes sans difficultés. Un je ne sais quoi nous manqua pour être totalement présents et disponibles à cette musique exubérante en diable et, pour l’immense majorité du public, convaincante sous tous ses aspects. C’était un 22 juillet, jour qui vit s’élever au vent nouveau la voix de Mireille Mathieu (1946) et aussi celle de Rufus Wainwright (1973), jour où l’on dit aussi « à la Sainte Madeleine, la noisette quitte sa gaine ». Ça nous en bouche un coin (un coing ?). Mais que dirions-nous si à la Sainte Noisette, la Madeleine quittait sa gaine ?


Cent vingtième étape

Nora Kamm

Il y avait un bail que nous n’avions pas vu Dreisam (rivière non navigable sous-affluent du Rhin, d’une longueur de 29 kilomètres), le trio multi culturel par excellence, sur scène. Au Péristyle, avec un été retrouvé, nous pûmes apprécier les nouvelles compositions du groupe et constater une fois de plus la qualité de l’ensemble. Avec ces nouveaux titres, plus ou moins complexes mais toujours ancrées dans la mélodie, le trio parut se renouveler sans se renier, ce que nous constatâmes avec délectation. Nora Kamm, avec plus d’assurance, de rondeur et de fermeté dans son jeu, Camille Thouvenot, explorateur en quête de décalage approfondi et Zaza Desiderio, fédérateur précis et inspiré, ne boudèrent pas leur plaisir et en donnèrent à la louche à l’auditoire qui fut aisément convaincu du bien fondé de cette petite entreprise musicale (et audacieuse) tant sa maturation est évidente (une centaine de concerts, ça aide). Nul besoin de s’inquiéter pour eux, leur lyrisme, la qualité des nuances et leur goût du contraste, devraient leur permettre de perdurer, ce qui n’est pas une mince affaire de nos jours. C’était le 27 juillet dernier et sachez pour mémoire, que les Iroquois massacrèrent des colons canadiens français à Lachine, près de Montréal, à cette même date. Bon, c’était en 1689 et ils l’avaient bien cherché les envahisseurs du nouveau monde dont personne ne voulait plus sur le vieux continent. Après tout, que foutaient-ils là à vouloir convertir l’indigène pacifique aux vertus supposées de la poule au pot ? Je vous le demande. Les iroquois aussi.


Dans nos oreilles

Bill Frisell & Thomas Morgan - Small town


Devant nos yeux

Alice McDermott - Someone