premier ouiquende d’été chargé...

Vendredi 22 juin 2018
Le Carreau du Temple
2 rue Perrée. 75003 Paris

L’ONJ retrouve son camp de base initial, le Carreau du Temple, au coeur du Paris historique animé sept sur sept, le temps de deux concerts spéciaux : le programme EUROPA OSLO se voit complété par une création live par Romain AL’L vidéo et Morgane ROUSSEAU lumières. Pour ce faire, un taps en avant-scène sert d’écran à la performance sans masquer les musiciens, à savoir : Olivier BENOIT guitare, composition, Maria Laura BACCARINI voix, Jean DOUSTEYSSIER clarinettes, Robin FINCKER saxophone ténor, Christophe MONNIOT saxophone alto, Fidel FOURNEYRON trombone, Fabrice MARTINEZ trompette et bugle , Théo CECCALDI violon, Sophie AGNEL piano, Paul BROUSSEAU claviers, Sylvain DANIEL basse électrique et Eric ECHAMPARD batterie et électronique.
Presque un an et demi après sa création à la Maison de la Radio, Europa Oslo a bien mâturé. Sans doute pas en fût de chêne, pas dans la saumure non plus encore moins dans la graisse d’oie. Mâturé à point et le résultat est somptueux. D’une oeuvre jouée, on passe à une oeuvre interprétée. Europa Oslo sonne intense, multidimensionnel, rutilant, profond, groovy, clamé, murmuré, goûtu, riffaudé, binaire, brûlant, joyeux, enjoué, solidaire, répétitif, jaune, discret, collectif, dense, marmoréen, titanesque. Telle une ZAD (Zik-À-Diffuser ) qui ignore la verticalité jupitérienne, la légitimité autoritaire et l’économie mortifère : une ZAD à don de soi.
Pendant ce temps-là, Romain AL’L emplit le taps de ses créations contemplatives, abstraites ou figuratives. On n’a pas eu le temps de vérifier si le plan urbain de départ relevait d’une cartographie collaborative de la vidéosurveillance, pas plus celui de se ressentir humanoïde aux lignes mathématiques ou encore vortex de pixels. Une chose est sûre, à l’époque de l’intelligence artificielle parée des plus belles illusions, cette projection bidimensionnelle sur un plan vertical a rappelé à chacun la puissance de son cerveau, capable de traiter ces infos plates en créant l’impression d’un espace tridimensionnel.


Samedi 23 juin 2018
Atelier du Plateau.
5 Rue du Plateau. 75019 Paris

L’Atelier du Plateau s’est fait lifter par la talentueuse Camille SAUVAGE pour FERIA, son festival à débordements, qui se joue dans et hors les murs de l’atelier ; quinze jours de surprises, de performances, de plaisir.
L’ouverture en est confiée au COURTOIS / ERDMANN / FINCKER Trio ( violoncelle, sax ténor, clarinette ) qui donne à entendre sa dernière création, « Love of life », inspirée par l’oeuvre de Jack London. Même intro qu’à l’EuropaJazz, une petite phrase tout simple au violoncelle, qui ricoche à l’unisson des ténors, une phrase à mémoriser donc mémorable. On jette un oeil sur l’image projetée au-dessus d’eux, la barre d’Etel et hop, on est embarqué.
La valse qui suit, impulsée par une boucle têtue au cello et une mélodie joyeuse à la clarinette, sent bon l’anis gras à l’ombre de l’arbre et les olives noires dodues attendant le picador. Plus figuratif, on n’imagine pas. Voyage immobile et sensoriel.
Qui n’empêche pas la tension dramatique favorisée par le mordant des attaques au cello. Pas difficile d’imaginer un bâton de paroles circuler entre eux, tantôt Fincker embrasse son bec en mode bruitiste, tantôt Erdmann mélodise à tout va, et les unissons ramènent tout ce petit monde au calme.
Ils osent une pièce mêlant-variant les tempi- marche rapide, paisible blues, descente à fond dans la pente-elle nous emporte loin.
Pierre BAUX, comédien, s’en vient nous lire la fin de Martin Eden. Pas la plus joyeuse qui soit certes mais propice à goûter l’écriture source de ces musiques.
Le final, échevelé, qui n’est pas sans rappeler la furiosité de Blow Up par le duo Portal- Galliano, a l’air d’une de ces danses à faire sauter les filles par dessus le feu de la Saint Jean.
On les rappelle of course.


http://www.carreaudutemple.eu/
https://www.atelierduplateau.org/