IN COMMON : MATHEW STEVENS & WALTER SMITH III

Whirlwind Recordings

Walter Smith III : saxophone ténor
Matthew Stevens : guitare
Joel Ross : vibraphone
Harish Raghavan : contrebasse
Marcus Gilmore : batterie

Les musiciens de ce quintet, initié par le saxophoniste et le guitariste, se mettent au service d’une musique réalisée « in common » de manière informelle. Resserrés autour des compositions qu’ils ont voulues simples afin que chacun se les approprie, ils laissent à l’écoute et à l’improvisation une place non négligeable. Plutôt apaisantes, les mélodies qui découlent de leur postulat semblent produites à l’instinct par des personnalités fortes usant du même vocabulaire musical. C’est sinueux à souhait et franchement plaisant. Exploratoire sans être abscons, contemporain sans être incompréhensible ou creux, cet album finit par envoûter avec légèreté l’auditeur sans jamais se déparer de sa musicalité première. Walter Smith III, Matthews Stevens et leurs collègues sont en pleine maturité et ils mènent l’aventure sans effort, entre gens de bonne compagnie confiants quant à leurs capacités créatrices. De la belle ouvrage donc, qui peut satisfaire les curieux néophytes comme les plus exigeants.

Yves Dorison


In Common


  BILL STEWART . Band Menu

Bill Stewart : batterie
Larry Grenadier : contrebasse
Walter Smith III : saxophone tenor

Bill Stewart, batteur de son état, compose ses mélodies au piano. Il est d’ailleurs à l’origine de la quasi-totalité de celles qui font le corps de cet enregistrement en trio où il est le condisciple de son Vieil ami contrebassiste, Larry Grenadier, et du saxophoniste Walter Smith III, le jeunot de la bande, en quelque sorte. Si vous voulez du jazz d’aujourd’hui joué avec une expertise XXL, de l’interplay et des improvisations à faire pâlir n’importe quel musicien et hurler les débutants du conservatoire, c’est bien dans ce disque qu’il faut plonger. Les trois musiciens font et défont les thèmes entre tension élastique et accalmie passagère. Portés par une capacité d’écoute et d’anticipation véritablement impressionnantes, ils demeurent ancrés dans l’essence du jazz qu’ils aiment et à laquelle nous adhérons pleinement. Qu’on le prenne par un bout ou par un autre, cet enregistrement appartient à l’orfèvrerie du genre. Nous pourrions vous en faire deux pages ou plus mais le temps perdu à nous lire vous priverait d’une ou deux écoutes. Vous suivez ?

Yves Dorison


https://www.twofortheshowmedia.com/index.php


  Myra MELFORD’s SNOWY EGRET . The Other Side Of Air

Firehouse 12 Records (2 nov. 2018) - firehouse12records.com/store

Liberty Ellman : guitare
Ron Miles : trompette
Stomu Takeishi : guitare basse acoustique
Tyshawn Sorey : batterie
Myra Melford : piano, compositions

Egretta thula, l’aigrette neigeuse est un bien bel oiseau blanc qui a élu domicile presque exclusivement sur le continent américain. Un oiseau fort élégant à la silhouette délicate, choix pertinent pour désigner ce quintet de haut-vol dirigé par la pianiste Myra Melford, une musicienne exceptionnelle malheureusement trop peu présente sur le vieux continent. Snowy Egret, formation constituée pour la scène en 2012 est le parfait reflet de l’ambition de cette artiste exigeante et intègre. “J’ai vraiment l’impression que c’est le moyen d’exprimer vraiment où j’en suis en tant que compositrice, interprète et cheffe d’orchestre en ce moment" explique-t-elle. En compagnie de musiciens de l’envergure de Ron Miles, Liberty Ellman, Stomu Takeishi et Tyshawn Sorey pour un label aussi curieux et ouvert que Firehouse 12, elle donne une superbe leçon d’équilibre entre composition différée (la partition) et spontanée (l’improvisation). L’aigrette neigeuse est fine et élancée mais elle sait résister aux tourmentes et aux tourments, bien campée sur des pieds jaunes qui font sa singularité. Ainsi se présente le jazz pensé par Myra Melford, une musique qui séduit par la finesse des mélodies mais n’évite jamais les voies de traverse de l’invention collective. "Il y a beaucoup de confiance et une volonté forte de laisser venir ce qui doit se passer et de l’accompagner dans l’instant" dit-elle. Résister aux vents contraires et aux courants trop porteurs de la facilité pour imposer un point de vue structuré, voilà la preuve d’un sacré caractère !

NB : Snowy Egret est en Europe du 17 au 22 novembre 2018. Deux concerts en Allemagne et un à Londres, rien en France ! Ô désespoir... Mais le Tiger Trio (M. Melford, Nicole Mitchell et Joëlle Léandre) est à Strasbourg le 13 novembre.

Thierry Giard


www.myramelford.com/projets - firehouse12.com


  SYLVAIN DARRIFOURCQ IN LOVE WITH - Coïtus Interruptus

Gigantonium

Sylvain Darrifourcq : drums, zither, composition
Théo Ceccaldi : violin
Valentin Ceccaldi : cello

Amis des mots, et plus particulièrement de Faulkner et Beckett, il semblerait que cet album soit pour vous puisque, c’est l’artiste qui nous le dit, ce sont les techniques d’écriture de ces deux monstres qui ont déclenché son travail de composition. Pour nous c’est l’archétype du disque qui peut faire hurler de bonheur ou d’horreur l’auditeur selon l’état réceptif dans lequel il se trouve à l’instant I du moment M le jour où il l’écoutera. Agitée, convulsive et jouissive, habile, la musique du batteur et des frères Ceccaldi se joue d’elle-même, en souplesse, comme on joue avec son ombre. Attrape-moi si tu peux serait à cette aune le leitmotiv et autant en emporte les cordes et les tambours, le vent du trio n’étant là que pour ébouriffer les oreilles. De rupture en rupture, l’on arrive sans arriver à attendre la rupture suivante et nous sommes priés d’haleter en permanence car, au moins, nous respirons encore. Ne soyons pas tendus, c’est la musique qui l’est. Et virtuose aussi, suffisamment pour donner sens à ce que d’aucuns pourraient hâtivement identifier comme un amphigouri de plus dans un monde sans queue ni tête dont il faudrait se retirer avant d’avoir vécu. Ainsi va la musique et ainsi vient-elle à nous : comme une projection incongrue du vivant en accord ou en désaccord avec notre temps (pas nécessairement notre tempo). Et pour faire la nique au Coïtus interruptus darrifourcquien ou célébrer le tir gagnant, laissons Paul V.évoquer la ligne d’arrivée :

Et sur le linge où l’aube insensible se plisse,
Tombe, d’un bras de glace effleuré de carmin,
Toute une main défaite et perdant le délice
À travers ses doigts nus dénoués de l’humain

Yves Dorison


www.sylvaindarrifourcq.com


  INGER MARIE . Feels like home

Stunt Records

Inger Marie Gundersen : voix
Per Willy Aaserud : trompette
Bendik Hofseth : saxophone
Hallgrim Bratberg : guitar
Rasmus Solem : piano, claviers et voix
SungSu Kim : contrebasse
Jarie Vespestad : batterie
Kriistiansand Strykekvartett : cordes

Au cas vous ne le sauriez pas, Inger Marie Gundersen fait de la musique depuis toujours mais elle n’a enregistré son premier disque qu’en 2004. Économe de ses efforts, elle publie ce mois-ci son cinquième opus. Si les quatre premiers étaient plutôt jazz, bien que la dame de Norvège ait toujours pratiqué le détournement de chanson pop, ce dernier s’éloigne un peu du premier genre cité tout en en conservant l’esprit. Feutrée et délicate, parfaitement accompagnée par des musiciens capable d’entourer sa voix d’un halo musical bienvenu, la native d’Arendal délivre avec aplomb (l’air de rien) une version inattendue du célébrissime « Sitting on the dock of the bay » sans omettre de réinventer les Creedence Clearwater Revival ou même Abba. Fichtre ! Sur le papier, cela ferait presque peur. Mais dans les oreilles, le timbre grave et légèrement voilé d’Inger Marie vous envoûte en faisant vivre les mélodies qu’elle interprète avec un savoir faire franchement classieux. Les amateurs de douceur toujours recommencée seront aux anges. Les autres peuvent faire une pause afin de découvrir cet univers chaleureux en suspension sur le tempo alangui des brumes nordiques. Nous, nous n’avons pas résisté longtemps avant d’être séduits.

Yves Dorison


http://www.ingermarie.com/


  JAKE HERTZOG - YISHAI FISHER . Stringscapes : A Portrait of The World in Nylon and Steel

Fret Monkeys Records

Jake Hertzog : guitare
Yishai Fisher  : guitare

L’un joue avec des cordes métalliques, l’autre avec des cordes en nylon, les deux jouent les compositions du premier, à savoir Jake Hertzog. Ce duo récent (2016) vous propose un style de musique qui fusionne ouvertement le classique et le jazz. Si ce n’est pas nouveau en soi, il nous semble que cela est assez inédit pour deux guitares. Entre composition et improvisation, leur disque offre à l’auditeur quatre suites en trois mouvements que les musiciens ont voulu paysagères. Avec des conceptions harmoniques assez post-modernes et plutôt originales, ils inventent un monde personnel tour à tour forestier, maritime ou désertique. A l’écoute, nous avons été épatés par l’équilibre qui se dégage de cette musique empruntant des méandres mélodiques forts attrayants. Jake Hertzog et Yishai Fisher, à certains moments, nous ont fait penser à un autre duo de guitares issu des limbes du vingtième siècle : Philip Catherine et Larry Corryel dans leurs épisodes paisibles de calme lyrique porté par l’inspiration. Il faudrait que l’on remette sur la platine « Twin house », cela ne nous fera aucun mal et ne nuira pas à ce duo du vingt-et-unième siècle qui parcourt à sa façon des espaces musicaux empreints de vie secrète.

Yves Dorison


http://jakehertzog.com/stringscapes/


  KEITH OXMAN . GLIMPSES

Capri Records

Keith Oxman : saxophone ténor
David Liebman : saxophone tenor & soprano
Jeff Jenkins : piano
Ken Walker
 : contrebasse
Todd Reid : batterie

Keith Oxman, le saxophoniste de Denver, et ses potes ont croisé un gars du nom de Dave Liebman, un autre saxophoniste lui aussi plutôt fan de Coltrane. Alors quoi ? On fait un disque ? J’ai des compos sympas. On devrait bien se marrer. Aussitôt dit, aussitôt fait. Classique dans la forme, l’ensemble de l’enregistrement met en avant le grand talent des saxophonistes (même si l’un des deux est plus connu que l’autre). La rythmique tient la baraque, le piano est à sa place. Ca joue vite ou ça se balade (ballade), cela ne sort pas des sentiers battus et c’est presque rassurant. Après tout, écouter un disque sans avoir à se poser trop de questions sur le comment du pourquoi, cela peut donner à l’auditeur une impression de maîtrise assez satisfaisante. Sensible et lyrique, toujours mélodique, la conversation des comparses est de celle que l’on suit avec un plaisir gourmand (prévoir l’apéro et les olives) car, dans tous les cas de figure, ils sont capables de séduire les gourmets du jazz avec des sonorités chaleureuses et denses, un groove adhoc, auxquels un auditeur normalement constitué ne peut résister. Si l’art du discours est toujours un plaisir, l’art de la conversation apporte un plus. Dans les deux cas, Oxman et Lieb s’y entendent et c’est cool…

Yves Dorison


https://soundcloud.com/bk-music-pr/shai-keith-oxman


www.jakehertzog.com
www.yishaifisher.com


  ARBF Yoram ROSILIO & Anti RuBber BrAiN fActOrY - Reinas del Mediterraneo Grece vol.1

Le Fondeur de Son

Yoram Rosilio (basse, direction, arrangements), Xanthoula Dakovanou (chant), Maki Nakano (saxe alto), Florent Dupuit (saxe ténor, flûte), Benoit Guenoun (saxes ténor et soprano), flûte), Paul Wacrenier (piano électrique, vibraphone), Stef Maurin (guitare), Eric Dambrin (batterie).
Arcueil, 14 novembre 2015 (59 mn)

Le jazz est né de la coalescence de différentes musiques il y a une centaine d’années, puis il a évolué sans se désintégrer, avalant au passage d’autres traditions, comme la musique cubaine, la bossa nova, la Musique Occidentale Savante (John Kirby) etc. Depuis quelque temps, il se passe le contraire, des musiques diverses utilisent le jazz comme un ingrédient dans leur sauce propre ; l’annonce de jazz et rebetiko m’avait laissé perplexe et intéressé. Du rebetiko, je ne connais guère que Markos Bambakaris (1905-1972), voix grave abîmée par l’alcool et la fumée des tavernes, un peu comme celle d’un chanteur de blues rural des débuts de l’enregistrement.
Ce disque débute par une musique chantée dans un style que je suppose traditionnel au jour d’aujourd’hui, mais bientôt une improvisation la rapproche d’un autre essai de même ordre, le Olé de John Coltrane et sur un rythme semblable. La fusion des deux genres se fait comme naturellement, au travers des mélismes de la voix.
L’envoûtement s’installe peu à peu et bientôt la musique devient celle d’un lieu du bout du monde, on est plongé dans la nostalgie de rien (plage 8). Le lieu d’enregistrement du disque -en direct selon la pochette- semble bien être un de ces lieux.
[Un lieu du bout du monde est un endroit que l’on attendait pas à trouver et qui surgit comme un rêve. Le premier dont je me souvienne était au bout du chemin qui m’avait conduit jusqu’au tombeau du marquis de Baroncelli, au milieu de nulle part en Camargue au crépuscule ; j’avais poursuivi les traces marquées sur le sable et était arrivé à ces quelques paillotes près d’une étendue d’eau, lumières suffisantes pour boire, danser et rire. Le dernier, j’y ai été attiré par une étrange musique, alors que je quittais le Parc Citroën à Paris ; je suis passé sous les rails du RER par un tunnel infamant -une jeune femme qui marchait derrière moi a attendu que je l’ai franchi pour s’y engager à son tour. C’était deux asiatiques jouant sur partition du saxophone alto d’une façon mal tempérée ; il y avait là des tables, des bistrots, une scène, pour une vie nocturne qui naissait à peine, sous l’ombre du pont du Garigliano.]
Un disque pour les amateurs de musique originale et libératoire.

Philippe Paschel


http://www.arbf.fr/


  Samuel BLASER - Early in the Mornin’

Outhere records

Samuel Blaser : trombone
Russ Lossing  : piano, Rhodes, Wurlitzer clavinet, minimoog & Hammond B23
Masa Kamaguchi  : contrebasse
Gerry Hemingway : batterie
Oliver Lake (sax alto) et Wallace Roney (trompette), invités chacun sur deux plages.

New York, janvier 2017 (58 mn)

Early in the Mornin’, qui donne son titre à l’album, est un work song enregistré dans les années 40 par Alan Lomax, dont Oliver Lake interprète le thème violemment a capella avant d’être rejoint par l’orchestre réuni par Samuel Blaser (La Chaux-de-Fonds-Confédération Helvétique, 1981) ; les deux solistes américains, Oliver Lake (1942) et Wallace Roney (1960), jouant sur quelques plages.,
Le batteur est plus punctualiste que marqueur de rythme, la continuité de celui-ci étant plutôt assurée par le contrebassiste ; malgré la liste impressionnante du matériel de Lossing, il n’en abuse pas, l’utilisant surtout pour créer des atmosphères, les solos sont pris au piano.
Blaser crée sa musique en rendant hommage au blues, avec divers moyens, dont certains empruntés à Ligeti ou Kurtag selon la savante notice d’Arnaud Merlin [qui est aussi producteur sur France-Musique de concerts de Musique contemporaine, le mercredi à 20.00]. Le résultat est varié et souvent bluesy néanmoins (plage 5, 6, 9), sans jamais perdre la pulsation fondamentale qui distingue le jazz du non-jazz.
Un critique de Down Beat avait défini le jazz comme “le blues plus le swing”, ce qui est un peu court, mais reste exact pour ce disque. On regrette seulement que les deux invités ne soient pas plus présents et ne soient ensemble que sur une seule plage, alors que leur rencontre sur “Levee Camp Moan Blues” (plage 6) est épatante.

Phillipe Paschel


samuelblaser.com


  CHRISTOPHE MONNIOT & DIDIER ITHURSARRY Hymnes à l’amour

ONJ Records JF009 / L’Autre Distribution

Christophe monniot  : saxophones sopranino & alto,
Didier Ithursarry  : accordéon

Les duos accordéon, saxophone en jazz sont suffisamment rares pour attirer notre attention d’autant plus quand ils sont servis par des musiciens que l’on a appréciés aux travers de leurs multiples projets. Ainsi ce disque s’inscrit dans une tradition chambriste mêlant habillement compositions personnelles, reprises singulières, comptemporanéité et improvisations. On se délectera donc de la destruction-reconstruction pleine de respect-irrespect de Sophisticated Lady, du fascinant Nadir’s composition de Christophe Monniot, du bartokien Est de Didier Ithursarry, du détournement du célèbre España Cañi. Il n’y a ici aucune révolution ni cassage, mais des codes parfaitement maitrisés, des emprunts, des détournements, des clins d’œil aux musiques savantes et populaires du XXème siècle. On admirera le travail sur le son de l’accordéoniste par un savant croisement des registres, un art des dissonances et des accords larges, comme Christophe Monniot timbrant-détimbrant à souhait. Ces deux musiciens inventifs, jubilatoires explorent cet art du duo qui sans complicité ou lyrisme, sans audaces poétiques serait vain. Quant à Passion de Tony Murena, il fait appel à cet art de la danse qui fait valser l’amour.

Pierre Gros


enregistré par Céline Grangey, Atelier du Plateau


01. Biguine pour Sushi (Christophe Monniot) / 02. Soso (Christophe Monniot) / 03. España Cañi (Pascual Marquina Narro) / 04. Nadir’s (Christophe Monniot) / 05. Est (Didier Ithursarry) / 06. Sophisticated Lady (Duke Ellington) / 07 Passion (Tony Murena) / 08. Il est un fleuve (traditionnel)


http://www.onj.org/
http://www.christophemonniot.com/
http://www.didierithursarry.com/


  JEAN PIERRE COMO . Infinite

L’âme sœur

Jean-Pierre Como : Piano, Wurlitzer, claviers
Christophe Panzani : saxophones soprano et ténor
Bruno Schorp : contrebasse
Rémi Vignolo : batterie

L’aventure musicale selon Jean-Pierre Como est toujours une aventure humaine. Allez savoir pourquoi, on le perçoit dès la première note. C’est comme ça. La bande de quatre constituée dans cet enregistrement applique à merveille le vieil adage « faites ce qu’il vous plait » juste adapté au besoin du jazz par un l’ajout nécessaire « mais faisons-le ensemble ». Ici, l’on s’écoute pour donner à la musique que l’auditeur écoutera ce truc en plus qui fait la différence. Les improvisateurs réunis dans ce disque de groupe ont des fourmis plein les doigts et les mélodies composées en studio par le pianiste et le batteur les sentent bien passer, si l’on ose dire. Le lyrisme discret d’outre frontière et le désir d’évasion qui caractérise l’univers musical de Jean Pierre Como parachève cet ensemble à la créativité singulière où chacun musicien apporte sa personnalité sans écraser le voisin.

Yves Dorison


www.jpcomo.com/


  KHALIL CHAHINE . Kafé Groppi

Turkhoise

Khalil Chahine : guitares, Mandoline, harmonica
Eric Seva : saxophones
Christophe Cravero : piano
Kevin Reveyrand : basse
André Ceccarelli : batterie

Le guitariste Khalil Chahine aime les climats autant que les couleurs et n’est pas à ranger dans une case. Ses mélodies visent juste et passent entre les genres l’air de rien. Et elles passent bien. Compositeur prolixe de musique de films, il enregistre assez peu et, de fait, quand il entre en studio, il en sort toujours un album convainquant. Ce dernier ne fait pas exception à la règle et ravira les aficionados. Ils y retrouveront l’Égypte chère au guitariste et les mélodies voyageuses qu’il sait composer, mises en musique par des musiciens émérites.

Yves Dorison


http://turkhoise.com/


  FRANCOIS BERNAT . Hommage à la musique de Miles

Autoproduction

François Bernat : contrebasse
Frédéric Borey : saxophone ténor
Antonio Pino  : guitare
Olivier Robin : batterie
Yoann Loustalot : trompette - Invité

Cet hommage à la musique de Miles Davis n’est pas un hommage à Miles mais bien à la musique qu’il a jouée dans les années 50 et 60. François Bernat et ses acolytes sont donc bop (be & hard) et c’est très bien comme ça. Ils ne singent pas le maître, ils ne l’imitent pas. D’ailleurs, le trompettiste Yoann Loustalot n’est présent que sur trois titres. Ils jouent comme bon leur plait la musique qu’ils aiment. Ils le font avec beaucoup de caractère et l’on sent très nettement que l’ensemble n’a pas été enregistré entre deux portes à la va-vite. D’un morceau l’autre, les musiciens sont pertinents en toutes occasions et l’on éprouve un vrai plaisir d’écoute au creux d’un beau moment de jazz mainstream.

Yves Dorison


https://www.francoisbernat.com/