Créé ce début d’année et baptisé « Jack » au départ, le projet "Love of Life" du violoncelliste Vincent Courtois s’est étoffé peu à peu le long des festivals qui lui ont réservé un accueil enthousiaste.

Le trio de Vincent Courtois dans Love of Life

Quand on aime, on ne compte pas et c’est notre collègue Alain Gauthier qui a eu l’occasion d’écouter le trio deux fois : lors de sa création à l’EuropaJazz du Mans en mai (ici) et à l’Atelier du Plateau à Paris en juin (ici). Il a aimé et il le dit. Et moi aussi lors de ce concert à l’AJMI d’Avignon jeudi 29 novembre où le violoncelliste Vincent Courtois joue pour la première fois accompagné de Robin Fincker au saxophone ténor et clarinette et Daniel Erdmann également au saxophone ténor. Après Mediums en 2012, West en 2015 (avec le pianiste Benjamin Moussay) et Bandes Originales l’an dernier entendu en janvier à Vitrolles (ici ), le trio s’est attaqué aux grands espaces et thématiques diverses célébrés par la littérature de Jack London à travers romans ou nouvelles. Un beau programme pour fêter leur 7° année d’existence. Cinq morceaux sont annoncés, voire plus au final, dont les titres sont directement tirés des écrits du romancier disparu trop tôt à l’âge de 40 ans en 1916 et découvert assez tard par Vincent Courtois. Parmi la grosse cinquantaine d’écrits, le choix était vaste.

Vincent Courtois

Love of Life, titre éponyme, démarre le concert en majesté et gravité. Lui succède une suite influencée par Martin Eden puis une autre (petite ?) suite où défilent successivement un morceau tiré d’un standard de Billie Holiday affectionné par Vincent Courtois, Am I Blue, débuté au violoncelle enrichi ensuite du son des deux saxophones ténors avec le souffle chaud du berlinois Daniel Erdmann et les élans brillants de Robin Fincker qui termine ce morceau en susurrant, soufflant et slappant dans son saxophone ; The Road écrit autobiographique de London sur les « hobo », vagabonds du rail voyageant de train en train, où la prouesse du trio à nous faire penser à des cornemuses est sidérant et absolument magnifique ; The Dream of Debs et un dernier morceau écrit par Robin Fincker, Le Loup des Mers (The Sea Wolf) se termine à l’archet. Le format violoncelle central explorant toutes ses possibilités, encadré des deux saxophones ténors (avec parfois la clarinette pour Robin Fincker) est très fort et prenant. A un moment, Robin Fincker se rapproche de Daniel Erdmann pour un duo intense. To Build a Fire, nouvelle très connue et très triste, suivie de Golia(t)h (nouvelle presque prémonitoire au vu de l’arrivée de Trump au pouvoir, souvent traduite par Révolution…) écrit par Daniel Erdmann, avec une écriture inquiétante et surprenante, puis Au sud de la Fente (The South of Slot) en forme de gavotte infernale, terminent ce concert très apprécié et applaudi, beaucoup l’écoutant les yeux fermés pour mieux en saisir toutes les nuances..

Robin Fincker et Daniel Erdmann

Soulignons la prise de son assurée par Bruno Levée qui est parfaite et donne toute la profondeur nécessaire à cette musique très évocatrice. Concert au final d’une traite avec deux rappels : le premier sur Mission de Confiance, autre roman de Jack London, et le second souvent joué par Vincent Courtois, celui d’un titre de West (So Much Water So Close To Home) qui va toujours droit au cœur. Chacun est reparti bien décidé à se replonger dans les écrits de Jack London…et il faudra attendre un peu plus le prochain enregistrement du trio en live aux Etats-Unis dans plusieurs villes, assuré par l’équipe de Gérard de Haro, pour accompagner ses lectures, musique que Jack London n’aurait certainement pas reniée !


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