Le 3 mai 1962, Martial Solal et son trio composé de Guy Pedersen à la contrebasse (1930-2005) et Daniel Humair à la batterie (1938) enregistraient à la salle Gaveau un disque resté fameux. Le 23 janvier 2019, Martial Solal jouait en solo dans la même salle un concert enregistré par Radio-France qui sera diffusé fin février. Daniel Humair était présent dans la salle.

Au programme des standards comme I can’get started, My Funny Valentine, Sir Jacques (Frère Jacques), ’Round about Midnight, Lover man etc., Solal faisant quelques commentaires entre chacun, indiquant qu’il allait les traiter à sa façon et même les “retraiter”, puisqu’il les avait déjà joués. Si la voix est un peu hésitante, l’humour solalien n’a pas changé, et les doigts sont toujours agiles, même si les attaques sont un peu raides au début, la souplesse de l’articulation -des articulations- revint vite. Le piano semble un instrument qui maintient en forme ses joueurs, hier des octogénaires comme Claudio Arrau, aujourd’hui des nonagénaires comme Menahem Pressler ou Martial Solal, en ayant un souvenir ému pour Eubie Blake (1883-1983) à Nice en 1974, que France-3 diffusait le dimanche en début de soirée sous la caméra de Jean-Christophe Averty (1928-2017).

Il y eut quelques moments, sans doute, d’automatismes, mais aussi de l’humour -certains billets indiquaient qu’il allait jouer du Chopin et du Liszt, il fit une citation du permier-, un invraisemblable medley de Duke Ellington où s’emmêlaient les thèmes différents à chaque main, de vastes gyrovagations harmoniques comme Solal en a l’habitude. De la musique enfin, sur piano Steinway, sans intermédiaire électronique.
Le public de tous âges -certains avaient pu être là il y a 57 ans-, enthousiaste, plusieurs rappels et une standing ovation.