Open Ways productions

Dans ce monde où les cupides-accapareurs se reproduisent comme des lapins endogènes dans un entre-soi mortifère, où les budgets du bien commun rétrécissent à vue d’oeil ( vous avez signé la pétition Tribune - Quelle place pour la création musicale à Radio France ? Non ? c’est sur change.org, ) trois musiciens, et pas des moindres, Claude Tchamitchian, Régis Huby et Bruno Angelini, s’associent pour créer une agence dédiée à diffuser une partie de leurs projets artistiques : Open Ways Productions. Et célèbrent ce soir la naissance du bébé.

Claude Tchamitchian, contrebasse, y va de son solo (In spirit puis In memory ) qui tourne en France depuis quelques mois. Au contraire de la Collégiale Saint Pierre au Mans, l’acoustique du lieu amortit sévèrement la résonance de la basse et les pizz de Tschamichian deviennent des pizz à amplitude modeste. Pas d’effet stéréo, pas de réverbe qui viendraient prolonger la vibration des cordes. Du coup, c’est un solo amputé de son aura sonore. Donc prévoir de le ré-écouter dans un environnement plus favorable.

Le Trio de Régis Huby, lui-même aux violons, Bruno Chevillon contrebasse et Michele Rabbia batterie, nous transporte dans un monde sonore électroniqué. L’intro presqu’acoustique laisse place peu à peu à des effets machinesques ( pédales diverses, électronique embarquée du côté percussions, etc ) qui nous baladent de la musique ambient et planante (ENO, sors de ce trio ! ) au dancefloor quand ils s’y mettent à trois pour faire le DJ’s. Même Kraftwerk semble convoqué. Il y a pléthore de trouvailles qui s’enchaînent vitevite, ce qui nécessitera d’autres écoutes. Au bout du bout, une idée s’impose : ils nous la font bande-son pour un ballet contemporain disruptif : jaillissement, décrochement, explosion, lenteur, accélération, répétition, sur-place. À coupler avec des breakdanseurs ?

L’Open Land Quartet clôt la soirée : Bruno Angelini piano, Régis Huby violons, Claude Tchamitchian contrebasse et Edward Perraud batterie.
Intro au piano a capella, il prend son temps l’Angelini, nous invite au silence, à aller jusqu’au bout du son qui s’éteint. On n’est pas dans l’univers du jazz, ça tient de la musique concertante, de la pièce pour petit ensemble, avec un temps de furie collective façon grand débat mal animé et une chute brutale : tout s’arrête comme si le courant avait cessé de circuler dans les tuyaux. Un raté du compteur Linky ? La dernière pièce rompt avec cette forme ; les cordes l’introduisent en lents longs sons étirés comme des fils de miel, l’unisson contrebasse-violon posera des questions aux pianos-drums qui y répondront. Jusqu’à la fin paisible, anticipée, prévue, advenue pianissimo.

Jeudi 12 juin 2019


Studio de l’Ermitage
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