> Lundi 22 juillet 2019 - 18h30 - Place de la République à Gap (05000).

Heureux habitants de Gap, vous avez vu passer (et avez écouté) l’Umlaut Big Band deux jours avant l’escale du Tour de France. Quelle chance !

Il y avait un peu moins de monde sur la place de la République que sur les dernières centaines de mètres de l’étape de la Grande Boucle le 24 juillet mais tout de même, dès 18 heures, il ne restait plus que les places en plein soleil et il faisait chaud ce jour-là encore... Ce qui n’a pas empêché les musiciens de se pointer en costume-cravate (ou nœud pap’). Ces gens-là sont de vrais pros qui savent se tenir derrière les pupitres de l’orchestre...

Évidemment, comme ce fut le cas pour le trio de Vincent Lê Quang quelques jours avant (Lire ici...), je ne pouvais manquer ce concert (gratuit en plus) organisé également dans le cadre du programme de l’Université Européenne de Saxophone (cf. article du 11/08/2019). On imagine que Vincent Lê Quang a su se montrer influent pour inscrire au programme un ensemble qui compte dans ses rangs de nombreux musiciens issu du Conservatoire National, section jazz (de ses anciens élèves !). Sachant qu’en plus l’Umlaut Big Band avait monté une tournée dans les Alpes du Sud et l’Isère, l’occasion était trop belle.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas (encore) cet excellent ensemble, voici quelques éclaircissements. Le terme germanique Umlaut renvoie à la notion de transformation du son (le tréma sur le U par exemple). C’est cet intitulé qu’a choisi un collectif franco-allemand de musiciens qui font avancer les musiques d’aujourd’hui mais aussi celles d’hier comme le prouve le big-band qui fait l’objet de cette chronique. On y trouve des activistes de ce qu’il serait convenu d’appeler l’avant-garde (?) qui savent aussi jouer "comme dans le temps" pour faire revivre le jazz du siècle dernier avec un souci d’authenticité des plus rares [1].

Le travail de recherche musicologique qui alimente le répertoire de l’Umlaut Big Band, est dû au saxophoniste Pierre-Antoine Badaroux, collecteur passionné de compositions et arrangements qu’il va parfois chercher dans des bibliothèques américaines. C’est ce qu’il fit pour Don Redman (1900-1964), un des premiers arrangeurs de l’histoire du jazz (cf. le dernier album du Big-Band - 2018).

C’est donc autour de Don Redman que se déroula le premier set de ce concert. Quasiment une heure de musique passionnante et haute en couleurs aux racines du swing jouée avec une belle énergie et commentée par Louis Laurin, trompettiste et présentateur du programme de l’orchestre qui sait éclairer un contenu musical qui nous fait remonter le temps de 1920 à 1949 environ.
Après une pause, c’était reparti pour une heure encore autour des musiques de jeunesse de Duke Ellington et d’autres stars du swing (Benny Goodman, Benny Carter...).

Je ne vanterai pas ici les mérites de l’orchestre, la qualité des solistes, la rigueur qui guide le travail de passionné de Pierre-Antoine Badaroux, leader qui sait rester très discret mais dont on perçoit le charisme pour emmener toute cette équipe de musiciens chercheurs qui explorent le passé du jazz avec une rigueur qui ne bride jamais leur force expressive. Tous les solistes sont excellents, bien sûr et même en l’absence de titulaires à la forte personnalité (le tromboniste Fidel Fourneyron, le pianiste Bruno Ruder ou le batteur Antonin Gerbal), l’ensemble garde toute sa cohésion. Il faut dire que Simon Sieger (trombone) est un grand connaisseur de l’histoire du jazz (musicologue et complice régulier de Raphaël Imbert !), que Matthieu Naulleau (piano) démontre ici sa polyvalence [2] et qu’Élie Duris (batterie) assure un soutien rythmique sans failles même si on le connaît plutôt dans des univers plus contemporains [3].

Je cesserai là mes commentaires sur un concert en tous points remarquable qui a su rassembler des publics très divers et de tous âges (je connais deux toutes jeunes auditrices qui ont su maintenir leur attention jusqu’au bout !).
Une fois encore, je ne peux que me rallier aux avis unanimes émis pas mes camarades chroniqueurs de CultureJazz et ce depuis quelques années maintenant.

Voici donc, ci dessous quelques extraits de leurs propos et les liens vers les articles d’où ils proviennent...

En juillet 2016, à propos du disque "Euro Swing vol. 2", Jean Buzelin écrivait : "Nous sommes ici à mille lieues des revivals et autres reprises passéistes. En dehors de son côté didactique bienvenu, l’orchestre sonne exactement comme à l’époque – on s’y croirait – et pourtant c’est aussi frais qu’au premier jour. Bref, un disque absolument épatant !". Et le disque recevait un OUI ! (le label de nos favoris !). Chronique à lire ici...


Le 8 septembre 2018, la chronique du disque "UMLAUT BIG BAND plays Don Redman - The king of Bungle Bar" est signée de Philippe Paschel. Il conclut ainsi : "Tous les musiciens sont des virtuoses, tant dans les sections que comme solistes, qui ont su se mettre dans la peau de musiciens actifs il y a plus de 90 ans pour jouer dans leur style, sans faute de goût, réalisant un jazz de répertoire tout à fait vivant. Un disque parfait." - OUI ! évidemment !
Toute la chronique est à lire ici...


Enfin, le 26 novembre 2018, CultureJazz publie la chronique d’Alain Gauthier à propos d’un concert parisien de l’Umlaut Big Band. "Mise en place, nuances, timbres, couleurs, variations de rythme : un régal acoustique sans conservateurs ni antioxydants..." mais il faudra bien sûr lire l’ensemble de cette chronique : c’est là !


Dans les rangs de l’Umlaut Big Band à Gap, on trouvait : Pierre-Antoine Badaroux (direction, sax alto), Antonin-Tri Hoang (sax alto, clarinette), Geoffroy Gesser, Pierre Borel (sax ténor, clarinette), Benjamin Dousteyssier (saxophones baryton et alto), Brice Pichard, Louis Laurain et Gabriel Levasseur (trompette), Simon Sieger et Michaël Ballue (trombone), Romain Vuillemin (guitare, banjo), Matthieu Naulleau (piano), Sébastien Beliah (contrebasse), Élie Duris (batterie).


www.umlaut-bigband.com
www.umlautrecords.com/umlaut-big-band/

[1On retrouve les traces enregistrées de toutes ces formes d’expression assez éclectiques sur le label Umlaut Records

[2On connaît son travail au piano "augmenté" dans l’univers très actuel du trio nox.3... Bien loin du jazz des années 20 !

[3Musicien proche des musiques souvent "radicales" du collecif Coax, Élie Duris est également le batteur du groupe Post K de Jean Dousteyssier (présent dans l’Umlaut Bigband.)