Cinquante-septième équipée

Je ne connaissais pas le contrebassiste Clovis Nicolas, ni le trompettiste anglais Steve Fishwick. Par contre, les deux autres, le saxophoniste russe Dmitry Baevsky et le batteur Leon Parker, ça oui, je savais qui ils étaient et cela me permit avant même d’entrer dans la cave du Hot Club de penser que la soirée serait plutôt mainstream. En soi, cela n’avait aucune d’importance car, tant que la musique est bonne, le pérégrin que je suis ne fait pas la fine bouche. Et d’ailleurs, ce ne fut pas du jazz mainstream, mais plutôt une espèce rare de son old school, revu et corrigé, passant à son filtre actuel une musique variée passant du basique «  sunny side of the street » (un duo saxophone alto et contrebasse bien senti) à l’ambitieuse (en son temps) «  Freedom suite » de Sonny Rollins, d’un « Esoteric  » bien barré de Grachan Moncur III, issu du « Destination out  » de Jackie Mclean, à un blues mijoté à la sauce blues de chez blues. Ajoutez à cela une paire de compositions originales empruntant les traces des grands anciens précités, un « Mimosa » de l’ami Herbie et vous obtenez deux sets denses où chacun des solistes prit ses aises avec bonheur et justesse. La rugosité bien en place et la clarté du contrebassiste, le son très droit du trompettiste anglais, un modèle de limpidité et de constance sonore, la verve technique de l’altiste russe toujours prêt à chauffer l’anche avec inventivité, firent merveille. Leon Parker fut à la hauteur de son talent, comme d’habitude. Ceci écrit, il gratifia le public et moi avec, comme trop souvent hélas depuis quelques années, d’une de ses séances d’human beatbox « onomatopons tapotons tchikaboum pouet pouet plonk-plonk » qui plongea mes oreilles entre irritation légère et anecdotique désolation. Je me demande toujours ce que ça vient foutre au beau milieu d’un continuum musical qui n’en n’a pas besoin. Ce truc-là, quel que soit le musicien, je n’y peux rien, ça m’emmerde et m’emmerdera toujours. Mais bon, c’est son droit et sur l’ensemble d’un concert, ce ne fut qu’une toute petite douleur passagère qui n’oblitéra pas la qualité générale de l’ensemble, ensemble qui me fit découvrir un contrebassiste et un trompettiste tous deux remarquables. C’était un 24 janvier de saison, plutôt froid, jour qui vit naître la belle Nastassja Nakszynski, dite Nastassja Kinski (1961), icône parisienno-texane de ma jeunesse, et mourir Friedrich Von Flotow (1883), compositeur allemand d’opéras que je ne connais pas, mais alors pas du tout, et qui n’a laissé à ce jour aucune trace dans mon parcours terrestre, contrairement aux moulins à vent. Et vous, avez-vous déjà écouté sa musique ?


Dans nos oreilles

Luisa Sereina Splett - Franz Schubert - Latest piano works


Devant nos yeux

Natalia Ginzburg - Les voix du soir


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