Quelquefois, il m’arrive de ne plus savoir que je suis un pérégrin du jazz. Ca m’énerve. Ou pas. D’ailleurs en ce 15 juin 2020, jour qui vit Benjamin Franklin inventer le paratonnerre (1752), je ne me questionne plus sur l’état du jazz en moi. De fait, j’attends. J’écoute les dernières nouveautés reçues. Chronique ou non ? Jamais simple de se décider. Qui mérite quoi ? La musique de l’un est-elle meilleure que celle de l’autre ? A quelle aune mesure-t-on cela ? Aujourd’hui, je me contente d’écrire sur les disques tombés dans la boite sans interrogation philosophique ou existentielle et, sauf allergie épidermique rédhibitoire, je livre mon sentiment sur des albums dont la musique me satisfait, m’émeut ou m’interpelle. Les autres se passent très bien de moi. Il ne s’agit pas néanmoins de faire une écoute désincarnée, je ne suis pas un robot, mais bien d’ouvrir les pavillons avec une dose d’objectivité suffisante pour ne pas nuire au musicien comme à moi-même. Après, chacun pense ce qu’il veut de la chronique et du chroniqueur. Mais une chose est plus que certaine, il ne faut pas s’accommoder uniquement des dossiers de presse. Bref, un peu d’honnêteté ne nuit pas, quitte à énerver quelques managers et autres attachés de presse, et même des musiciens dont l’égo se froisse plus rapidement qu’une chemise en pur coton des iles. Et tout cela ne change rien à l’affaire qui me préoccupe depuis trois mois maintenant. Mais où sont donc passés ces putains de concerts ? Ma boite à pixels s’emmerde. Elle rouille. Je n’ose plus la sortir du sac, de peur que la lumière l’effraye… À Lyon, cela redémarre timidement, très, et j’irais en fin de semaine au Bémol 5, l’un des rares à avoir rou-vert ses portes à ce jour, ouïr la musique du Foehn trio. Comme je n’ai plus écouté / vu ce groupe depuis deux ans, une petite remise en bouche ne fera pas de mal. Une chose est plus que certaine, je ne pourrais voir Erroll Garner, né 99 ans auparavant ce jour, le 15 juin 1921 pour être précis. Mais la bonne nouvelle, ces que les douze rééditions prévues par le label Mack Avenue sur la période où le pianiste créa sa propre maison d’édition sont toutes là. De quoi me faire patienter dans une veine swing très particulière. C’est bien pour cela qu’on l’aime.


Dans nos oreilles

Howard Johnson & Gravity - Testimony


Devant nos yeux

Franz Kafka - Lettre au père