Dimanche 04 Avril 2021

Allez quoi ! Un petit mois de plus, ça ne peut pas faire de mal. Si ? Ce matin, j’écoute Stanley Turrentine et pense que lui, il est en quarantaine depuis bientôt vingt-et-un ans quelque part entre deux nuages ou sous une couche de terre ; ça, c’est vous qui voyez. Moi je préfère la dernière hypothèse. Sur terre, tu bois l’apéritif dans des verres, sous terre tu es l’apéro des vers. Amusant. Peut-être que cela chatouille un peu, comme le swing bien nourri de feu Stanley, disciple avéré d’Illinois Jacquet. Illinois qui ? Jacquet. Lui, le petit verre du soir, il y noie son ennui depuis le 22 juillet 2004. Par contre, avant sa crise cardiaque, il ne faisait pas semblant de souffler le bougre. Six jours avant de calancher, il était encore sur la scène du Lincoln Center. Cette année, il tutoierait les 99 ans. Rendez-vous en 2022. A la vitesse où l’on vaccine, avec très peu de malchance, nous passerons ce printemps futur bien au chaud et le temps ne manquera pas pour célébrer le siècle de sa naissance. Mais après les élections, n’est-ce pas. D’ailleurs j’affirme qu’il y aura un Ministère du Jazz honorifique (ta mère) avec le ou la prochain(e) président(e). Il ne servira à rien et rien ne s’y passera. Ce qui sera normal après tout, la moitié des individus jouant cette musique seront déjà mort de faim ou en phase terminale. Parenthèse, le futur antérieur, qu’est-ce que c’est beau ! Dans ce cas de figure, et c’est presque drôle, il est proche du jazz qui, grâce au soutien indéfectible du ministère de l’inculture, contemple son avenir dans le rétroviseur. Ceci posé, Le « Sunny » de Stanley, c’est coolissimement grave de chaleur saxophonesque et de swing bingbandien. La mort ne touchera jamais ce titre, ni de près, ni de loin. Et en début de soirée, pour grignoter avec les olives en bonne compagnie, c’est aussi intemporel que Mike Hammer, Emma Peel, le train du Montenvers et la vache qui rit. Dommage que l’enregistrement s’achève sur un fade out, comme on dit à l’académie. Ça gâche un peu. Certains titres du Jazztet de Benny Golson me font le même effet. Ces gars-là, ils donnent l’impression d’avoir trouvé le point G du swing. Quelle que soit la note, le rythme ou la phrase, voilà pas que cela se met à onduler, tout en souplesse gracile, à frétiller sans temps morts, à gigoter lascivement jusqu’au bout de la nuit qui n’en finit pas de bouillir. Et c’est par l’improvisation surprise qu’ils provoquent toujours que tu sautes le repas. Don’t mess with mister T. Grâce à lui, tu cesses de considérer l’ennui confiné comme une obligation. Pour un temps du moins. Ensuite, il faut changer l’eau du bocal. Alors je pique le microsillon avec son « Sugar » de derrières les fagots. Et merde ! Ça recommence… On en reparle un autre jour (ou peut-être une...)


Do you want a « Gratte-moi le dos » for the road ?