Duos, quartet, dodecaband, t’entends Fernande ?

Lundi 15 novembre 2021

Un début de semaine où les vaccinés et/ou testés de frais viennent montrer patte blanche ( le QR Code) et célébrer le spectacle vivant, fait de chair et d’os, d’humeurs et de sourires, de joie partagée.
Réunis dans un tout nouveau quartet, les duos Gonam City ( Quentin GHOMARI trompette et Marc BENHAM piano ) et SCHWAB SORO, (contrebasse sax alto), osent un quintet sans batteur : DOUBLE DÉTENTE. Qui imaginerait le New Miles Davis Quintet sans Philly Joe Jones ? Le Baby Boom Quintet sans Daniel Humair ? Donc un quartet. Qui nous offre à entendre le morceau Double détente, titre éponyme écrit par Ghomari et qui goûte comme un standard de la meilleure eau de vie : ça pulse, ça sonne rond et plein, le solo de piano stimulé par les riffs trompette-sax est juste beau.
Mutter ( de J. Soro ), d’une grande délicatesse, sonne comme un grand cri d’amour pudique, retenu et en même temps lâché. Les deux dernier morceaux ( Muchacho ( by Soro ) et Fugace ( prononcer Fougasse) osent le figuratif, le premier, quasiment surjoué dans l’émotion dégoulinante (on pense au cultissime et antédiluvien Frou-Frou) a tout du tango au ralenti ( parfait pour étudier les complexes passes argentines ), le second copine avec l’esprit originel espiègle des Musiques à Ouïr tendance Espana Cani et baluche. Mise en place soignée, impros, expressivité, groove somptueux : un quartet qui a tout pour plaire.

Le GRAND SCHWAB, dodecaband fort d’un quartet côté jardin : Marc BENHAM piano, Paul JARRET guitare électrique, Ariel TEYSSIER batterie, Raphaël SCHWAB contrebasse ( compos et arrangements ), et d’un octet côté cour : Florent DUPUIT flûtes et sax alto, Julien SORO sax alto, Illyés FERFERA et Guillaume CHRISTOPHEL sax ténor, Sylvain BARDIAU et Quentin GHOMARI trompette, Balthazar BODIN trombone et Fabien DEBELLEFONTAINE trombone basse et tuba, envahit la scène.
Dés le premier morceau, Frémissements, tout est dit des tropismes de ce band : il sonne magnifiquement, il déchire grave, comme on dit aujourd’hui et il se dope au répétitif. Autour d’un ostinato inflexible à la contrebasse, ostinato simple et lancinant, la musique se déploie alternant les tutti flamboyants et les conversations discrètes ici et là de petites voix qui jacassent. Pas de thème, pas de pont, pas de pas de pas de. Rien que l’ostinato tétu jamais titubant te dis-tu tout à trac tout en tapotant ton stylo ténu.
Suit Il y a urgence, dont le titre annoncé après son interprétation, ne fait que confirmer l’écoute : ça urge !!! Autant que pour sauver l’hôpital public et l’école aussi, tant qu’à faire. Christophel au ténor pousse un long cri ( ce qu’il faisait déjà magnifiquement au baryton avec Ping Machine ) soutenu entretenu poussu par le batteur et continué par Jarret, pas du tout en mode guitare déglingue, Benham soliloquera tout tendre sur son clavier, avant un dernier trait puissant intense de tout l’orchestre.
Puis Les retrouvailles, titre qui raconte bien notre époque, joue sur les masses sonores, la couleur, les nuances ( attention le sonotone ) ; le trombone soloïse avec l’aide d’une pulse main gauche au piano et de nappes à la guitare. Des nappes pour des retrouvailles, bien sûr. On dresse les tables et on s’assied autour.
Schwab introduit J’aime flâner sur les extérieurs à la contrebasse, flânerie de confinement dont on peut deviner la répétition jour après jour avec la courte structure répétitive qui lui sert de thème. Les deux pièces suivantes, Mouvement perpétuel et La ballade qui n’a pas de hauteur, au tempo de berceuse, nous amèneront presque au lit, presque seulement avant qu’une tonitruante Jolie Valse Joyeuse ne nous en éloigne en tourbillonnant via les soli de Ghomari, Ferfera et Schwab aussi.
Bien sûr, on les rappelle et ils jouent Le refrain, un scie funky qui devrait occuper les insomniaques jusqu’au petit matin.
Grand plaisir partagé


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Studio de l’Ermitage
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