| 00- THOMAS MAYERAS . Tenderly... at home
| 01- CHES SMITH . Interpret it well
| 02- JAZZ OUT OF NORWAY . 10th set
| 03- CHARLES MINGUS . The Lost Album from Ronnie Scott’s- OUI !


  THOMAS MAYERAS . Tenderly at home

Cristal Records

Thomas Mayeras : piano
Anthony Muccio : contrebasse
Germain Cornet : batterie

Avec ce jeune pianiste encore inconnu de nos oreilles, on découvre un adepte du jazz comme on en fait plus ou peu. C’est donc un trio classiquement jazz, avec les 4/4 qui vont bien et tout le toutim, auquel nous avons indubitablement affaire. Joyeux et swinguant comme un Peterson des années soixante-dix (période Mps), chaloupé conne un Rollins, savamment rythmique comme un Monk, enflammé comme un Monty Alexander, et caetera, le trio fait étalage d’un savoir-faire en la matière qui se double d’une originalité pianistique intéressante. Thomas Mayeras ne se contente pas de la redite « hommage à » » et propose des compositions qui ne dépareillent pas avec les standards qui sont dans la playlist de ce disque, ce qui en soi indique un talent particulier et une connaissance certaine de l’univers jazz du XXème siècle. Au final, Thomas Mayeras et ses collègues proposent un disque plein d’une verve juvénile et jazzy, non exempt de nuances, qui ne fait pas de mal par les temps qui courent.

Yves Dorison


https://www.thomasmayeras.com/


  CHES SMITH . Interpret it well

Pyroclastic Records

Ches smith : vibraphone, batterie
Bill Frisell : guitare
Mat Maneri : violon
Craig Taborn : claviers

Cet album aux compositions minimalistes, quasi squelettiques, arpente des chemins de traverse sur lesquels chaque musicien trouve sa propre expressivité en regard du flux musical qui s’installe. Chaque morceau possède son propre univers, son aura particulière, et il faut être véritablement attentif pour saisir tous les détails qui surviennent ici et là alors même que la musique semble placide, pour ne pas dire monotone. Bien évidemment, c’est quand on s’interroge sur les tenants et les aboutissants de l’enregistrement, son calme et sa retenue, que, soudain, le quartet s’emballe et tutoye des sommets expressionnistes. Quoi qu’il en soit, jamais la musique ne lasse car elle est constituée d’ouverture et d’exploration permettant à chaque individualité de s’épanouir au service d’un collectif qui ne manque aucunement de créativité. Là, vous me direz que c’est bien normal vu le casting du quartet qui ressemble à s’y méprendre à un all stars. Et vous aurez raison, certes, ce qui ne signifie pas que cela fonctionne à tous les coups. En l’occurrence, cela carbure parfaitement avec une musique qui s’avère plus obsédante qu’on ne l’imagine de prime abord.

Yves Dorison


chessmith.com


  JAZZ OUT OF NORWAY . 10th set

Norsk jazz forum

Une compilation. Vous lisez bien. Une compilation en deux Cds qui regroupe par moins de trente groupes. Mais une compilation de quoi ? De jazz norvégien bien sûr. Et l’on sait qu’il y a de quoi écouter dans ce pays septentrional où le jazz s’épanouit entre tradition et expérimentation férocement créative. C’est en Europe l’une des scènes les plus actives et les plus étonnantes. Avec tous types de formations, allant du solo à l’orchestre, c’est un panorama épatant de créativité qui nous est présenté. A aucun moment on ne s’ennuie. Des plus connus à celles et ceux qui le méritent tout autant, c’est l’expression d’un jazz protéiforme, ignorant des barrières factices érigées entre les catégories, qui se dévoile à nos oreilles sous toutes ses coutures. L’ensemble est d’une richesse impressionnante et l’on se demande bien ce qui fait la vitalité, dans un si petit pays, d’un genre qui chez nous est un tant soit peu ostracisé par les médias mainstream ne permettant pas de faire éclore nombres d’artistes passionnants.
Gros bémol, cette compilation n’est disponible qu’en streaming… Et c’est à écouter en suivant ce lien : https://english.jazzinorge.no/jazzcd-no/

Yves Dorison


https://english.jazzinorge.no/


  CHARLES MINGUS . The Lost Album from Ronnie Scott’s

Resonance Records

Charles Mingus : contrebasse
John Faddis : trompette
Bobby Jones : saxophone ténor
Charles McPherson : Saxophone alto
John Foster : piano
Roy Brooks : batterie

OUI

Aargh ! Mingus, l’autre grand Charles, mais en beaucoup mieux… Ici à Londres ( ?!) en 1972 avec un sextet homogène au service de la musique du contrebassiste, grand spécialiste s’il en est du chaos organisé. Un concert inédit de plus (14 & 15 août 1972), pour fêter le centenaire de la naissance de l’excentrique en chef du jazz de ces années-là. Jaki Byard et Dannie Richmond ne sont plus de la partie mais cela ne se sent pas trop car le concert londonien arrive en fin de tournée européenne. John Faddis, 19 ans à l’époque, est déjà phénoménal. Charles McPherson et Bobby Jones, fidèles entre les fidèles, sont à leur meilleur niveau. Quant à Mingus, il sort à cette époque d’une période compliquée et sa musique est enfin reconnue pour ce qu’elle est : une avancée majeure dans le jazz créatif. Avec le son si personnel qui le distingue en moins de deux notes des autres contrebassistes, il démontre durant cet épisode londonien à quel point son univers était riche et original. Bien restaurées, les bandes offrent un son de qualité, ce qui n’est pas négligeable, n’est-ce pas ? Indispensable pour les aficionados et le pékin moyen. Après tout, Mingus, c’est Mingus.


https://resonancerecords.org/product/charles-mingus-the-lost-album-from-ronnie-scotts-cd/