Romances italiennes

Nouveau contraste, ce week-end au théâtre de Caen où se sont succédés un plateau de plus de 100 musiciens de l’Orchestre National de France, sous la direction du jeune et nouveau Cristian Macelaru et le quartette de Stefano di Battista. Mais cette fois-ci, le contraste était stimulant entre Turangalila –Symphonie d’Olivier Messian et l’hommage aux compositions du musicien italien Ennio Morricone. Explosif était ce “Sacre du printemps” de la moitié du XXème siècle entendu ce vendredi soir et lumineuses étaient ces Morricone Stories du lendemain.
Au passage, on sera peut-être étonné d’apprendre, ainsi que le révélait le cinéaste G.Tornatore dans son long documentaire Ennio distribué l’an passé sur le écrans de cinéma, que le maestro se destinait, après une formation classique, à la musique contemporaine et qu’il animait un groupe de création, à cet effet.
Ce sont pourtant ses compositions pour les films qui l’ont rendu mondialement connu ; célébrité qui valait ce samedi soir, à la grande salle du Théâtre, d’avoir fait le plein pour ce concert hommage .
Cela n’enlève rien, on s’en doute, à la réputation et à la prestation de son compatriote Stefano di Battista entouré du batteur niçois André Ceccarelli et d’un napolitain, le contrebassiste Danièle Sorrentino. Le pianiste Fred Nardin complétait ce quartette en étant par ailleurs l’auteur des superbes arrangements des thèmes morriconiens.
Le saxophoniste a eu l’embarras du choix parmi les 500 titres composés. Alors pourquoi ne pas commencer par la BO d’un thriller mi-fantastique, mi-horreur tout à fait inconnu (en France du moins) au titre prometteur(?), Qu’avez-vous fait à Solange ? de 1972, réalisé par Massimo Dallamano, ex-chef opérateur de Sergio Leone ! Ceci expliquant cela.
Ce thème revu et corrigé par le quartette vaut le détour et annonçait on ne peut mieux la suite qui ira de Peur sur la ville au Bon, la brute et le truand en passant par Il était une fois l’Amérique ainsi que par une brève partition écrite sous ses yeux et offerte par le maître à son invité et dont l’évocation par celui-ci est une saynète en soi.
On n’aura pas vu le temps passer tant les thèmes rejazzifiés sont l’occasion pour les quatre musiciens d’exercer leur talent. D’André Ceccarelli tout en subtilité dans son jeu et son écriture, au jeune contrebassiste virevoltant Danièle Sorrentino, en passant par le pianiste toujours inspiré Fred Nardin (auteur d’un tout récent enregistrement "Live in Paris" ), Stefano di Battista a beau jeu de déployer son sens de la mélodie qu’iI a en commun avec Morricone et de lui insuffler un second souffle au gré de sa fantaisie improvisatrice.
Ici, le jazz vient "en plus" et non "à la place de". Le public présent pour une part pour Morricone ne s’y est pas trompé en entendant Stefano Di Battista et c’est bien à ce dernier qu’il a destiné ses applaudissements.


Théâtre de Caen (Calvados)
Samedi 21 janvier 2023 - 20h00

Stefano di Battista:saxophone
André Ceccarelli : batterie
Fred Nardin : piano
Daniele Sorrentino : contrebasse