Samedi 11 février 2023

Retour à Mâcon pour le concert du légendaire trio belge Aka Moon. Aka après Aki, c’était somme toute logique si l’on n’y regarde pas de trop près. Plaisanterie foireuse mise à part, le pérégrin que je suis fut de bonne humeur car la dernière fois avec Aka, c’était en 2016 à A Vaulx Jazz, festival lâchement assassiné par la mairie socialiste de Vaulx en Velin, bande de bâtards ! Aka Moon donc, en français « également connu sous le nom de lune », c’est le jazz rock made in Belgium, unique en son genre car nourri d’éclats de jazz, de groove funky, de présence africaine, j’en passe, et d’une propension clairement marquée à l’envolée pêchue à laquelle vous pouvez ajouter un travail harmo-nique aux petits oignons. C’est pas du basique à deux balles (oups ! j’ai failli écrire « francs »). Conséquemment, hier soir, une virtuosité de chaque instant habita la musique du groupe et, après trente années de complicité, elle se voyait comme le pif au milieu de la tronche : et les trois lascars se marrèrent sur scène comme au premier jour, cqfd. Il y eut donc de la joie (et bonjour bonjour aux hirondelles que je ne vis point) et de la polyrythmie en veux-tu en voilà ; et que j’accélère, et que je ralentis, et que je file à fond, à l’aveugle ou presque, façon pilote de rallye, pas genre touristes parigots vautrés sur le bas-côté qui tentent depuis deux heures de mettre les chaînes et qui finissent invariablement au cul du dépanneur à 150 boules de l’heure. Ici un solo de batterie tonitruant pour achever le premier set et mes oreilles avec. Là un solo de basse où furent passés à la loop toutes les pédales à disposition (je n’ai pas vérifié bien sûr) et qui s’étala dans la durée en une forme hypnotico-obsessionnelle allant crescendo que n’aurait pas renié un bouffeur de buvards seventies (Klaus Schulze, sors de ce corps !). Moi qui suis à jeun depuis, depuis… avant même qu’Aka Moon naisse, il me fallut de l’imagination pour tenir la distance. En sus, de partout, une énergie joyeuse à la musicalité émérite. Le public, convaincu par avance, n’en demandait pas tant pour chavirer, d’autant plus qu’en fin de concert un saxophoniste ténor ami vint les rejoindre. L’occasion pour les deux soufflants de croiser amicalement le fer au service de la musique, du groupe, et d’infliger un rappel pas piqué des hannetons à l’auditoire déjà repu. Le tout un 11 février frileux qui s’accommoda fort bien de la générosité d’Aka Moon et qui vit naître Vincent Eugene Craddock (cherchez un peu), le gars qui chanta en son temps Be-bop-a-lula (1956). Sur ce, je vous laisse, je vais à confesse…


https://www.lecrescent.net/
https://www.akamoon.be/