Dans ce petit Théâtre à l’italienne de Lisieux, on se serait (presque) cru sous les tropiques tant la moiteur gagnait musiciens et spectateurs. L’énergie des premiers et la ferveur des seconds n’en étaient que plus louables mais le jazz caraïbéen, c’est pour le dimanche à venir et le pianiste cubain Gonzalo Rubalcaba, compagnon de son dernier enregistrement n’était pas davantage présent sur scène. C’est le jeune et pétillant pianiste Carl-Henri Morisset qui a pris place.Pas un inconnu néanmoins puisqu’en dehors de son compagnonnage répété avec Pierrick Pédron, il a su aussi s’illustrer aux côtés d’Archie Shepp et de Riccardo Del Fra, par exemple.
Il est vrai néanmoins que le jazz déployé par le saxophoniste n’engendre pas la mélancolie. Et ce faisant, la tension montait d’un cran ; pas tant d’ailleurs par ses incursions free que par son dialogue précisément avec ce pianiste bourré d’énergie et de rythme à revendre qui donne chair à des compositions plus abstraites. Jeune pianiste à suivre donc.
Le complice habitué qu’est le contrebassiste Thomas Bramerie a apporté comme toujours, avec le talent qu’on lui connait, cette architecture rythmique fédératrice qui charpente l’ensemble. Le jeune (lui aussi) batteur Elie Martin-Charriere remarqué par ailleurs pour son « énorme présence » sait aussi se montrer à l’écoute quand il le faut et « se lâcher » le moment opportun.
Soirée hot pour les amateurs de jazz qui avaient répondu présents pour ce premier véritable concert de cette 23ème édition. Il avait été précédé par la formation D Day Ladies sur la place Mitterrand tandis que lui succédait le lendemain la formation blues Les Voilà Voilà .Suivaient le jazz manouche de Swing Family puis le jazz caraïbe » de Abraham Reunion et enfin le Rhoda Scott Ladies Quartet le dimanche. Pendant ce temps, la formation caennaise Egg Trio avec Gilles Godefroy, Frank Enouf ,Patrice Grente assurait les jam session.
De cet éclectisme affiché, on peut déduire une volonté de Jazzitudes d’élargir son public à l’occasion de sa 23ème édition qui succédait -rappelons le- à une année blanche en 2022 et à des années Covid compliquées.


Pierrick Pédron : saxophone
Carl-Henri Morisset : piano
Thomas Bramerie : contrebasse
Elie Martin-Charrière : batterie


Photographie : Sophie de Courrèges


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