Jeudi 15 février 2024

Ne connaissant pas Andrés Prado et ne l’ayant surtout pas écouté avant (la surprise…), j’eus momentanément à mon arrivée au Périscope quelques angoisses en constatant qu’il allait jouer sur l’ancienne scène et qu’il n’y aurait pas de chaises. Moi debout ? Sérieusement ? Je commence à faire mon âge et ce n’était pas du trash métal hardcore que je susse. Sur le programme j’avais lu un truc genre « des rythmes afro-péruviens, de la valse, du tango, de la samba et de la zamba, des sayas, des milongas, des marineras, une once de flamenco avec un arrière goût de jazz latino-américain ». Alors quoi ? Soit, je survécus à l’affaire et à un public aux déhanchements paisibles dont une bonne partie était hispanophone et convaincue par avance. Aux premiers rangs, un bon nombre s’assirent à même le sol ; voyez donc, une ambiance Woodstock, la boue, les pétards et le LSD en moins. Et la musique me demanderez-vous ? Vraiment sympa, même si la rythmique me parut un peu en deçà du guitariste. Andrés Prado maîtrisa parfaitement son sujet avec une virtuosité discrète et un art de la narration dédié à la brisure rythmique. Ce fut quelquefois frustrant pour moi car chaque élan ou presque fut coupé en revenant à la douceur pour un temps, de telle sorte que les morceaux semblèrent s’étirer jusqu’à leur improbable fin qui arriva toujours quand il le souhaita. Était-ce le choix du guitariste où une constante due aux folklores abordés ? Je ne le saurai jamais. Mais Andrés Prado sut les faire vivre. En totale empathie avec son public, n’hésitant jamais à donner des explications entre les titres (et bénéficiant d’un traducteur ami), il donna une lecture intime et subtile de ces musiques que l’on entend peu par ici, si l’on excepte le flamenco, la samba et le tango. Sa musicalité et sa générosité firent le reste et, après deux heures et quinze minutes de concert, il laissa à la salle un public radieux et épanoui. Cela n’arrive pas si souvent et moi, comme j’avais piqué un tabouret au bar, ma soirée ne fut que satisfaction. I can get it, moi, en ce 15 février où l’unforgettable crooner Nathaniel Adams Cole (1919-1965) passa de vie à trépas.


Andrés Prado : guitare
Carlos Betancourt : contrebasse
Grégoire Sanchez : batterie


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