Sortie de disque ce soir, au Studio de l’Ermitage avec le tentet Les Rugissants fort d’un trio de base : Grégoire LETOUVET composition, piano, Jean-Baptiste PALIÈS batterie et Alexandre PERROT contrebasse, et d’un septet de soufflants : Raphaël HERLEM sax baryton, Léo JEANNET trompette et bugle, Jules BOITTIN trombone, Corentin GINIAUX clar sib et basse, Thibaud MERLE sax ténor et flûte, Rémi SCRIBE sax ténor et soprano, Paul de REMUSAT saxophone alto. Et, invitée, la vocaliste Leïla MARTIAL.
Ils enchaînent Fission, funky maelstrom de dix électrons fissionnant qui s’opposent au fragile son d’une boîte à musique jouée par Bruno Ducret, éphémère invité surprise puis Vacarme avec un solo remarquable de Merle au ténor : le son, le phrasé, l’originalité du propos puis une ballade « Mânes  » où la clarinette sib de Giniaux rappelle singulièrement Benny Goodman par la clarté du récit, la fluidité, la texture. Quand, alors, soudain, d’un seul coup, les dix rugissants entonnent à la voix un motif tout simple : trois notes, qu’il répètent pendant que Leïla Martial monte sur scène et commence à chanter. Choc instantané  : on se retrouve du côté du Soweto Gospel Choir, empoigné au tréfonds du tréfonds du plus intime de l’intime. Sa voix, qui tient du contrôle non destructif, visite, caresse et papouille coeur, tripes, chakras, peu importe le vocable : c’est émotionnant, poignant, sublime. Elle enchaîne par un solo inouï avec l’instrument qu’elle a conçu, digne du gaffophone : un « harmonica » à mignonnettes. Oui, ces petites bouteilles qu’on trouve dans les mini-bars et dont elle sort une maxi-musique. Et, même pas peur, du Jean-Sébastien Bach revisité ( prononcer « bar », ce qui va bien avec les mignonnettes.... ). Elle dialogue avec le pianiste (oublier Jacques Loussier), le big band s’en mêle, on est à deux doigts d’une cantate. Elle termine comme elle a commencé : les Rugissants susurrent le motif sur lequel elle vogue et confirme qu’on est passé dans une autre dimension. Ne pas compter sur Elon Musk pour y retourner.
En trio avec le piano de Letouvet et l’alto de de Rémusat, elle interprète Indécision du même de Rémusat. Ils sont trois en un, un en trois : elle vocalise, glossolalise, gromelotte, en ligne directe avec la matrice de la fabrikasson. Pfff, ahurissante vocaliste. Là encore, le big band s’en mêle et oh my ghost, c’est trèèèèèèèès beau !!!
Pour clore le concert, Leïla Martial et la chanteuse Ellinoa interprètent Où va cet univers ? de Léo Ferré, orchestré par le contre-bassiste Yves Rousseau. Autant dire que la médiocrité n’était pas de la partie.


Le Studio de l’Ermitage
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