IZUMI KIMURA / LINA ANDONOVSKA / DOMINIQUE PIFARELY . Seven Dreams

ESR - Fundacja Słuchaj

Lina Andonovska : flûtes
Dominique Pifarély : violon
Izumi Kimura : piano

Enregistrés en concert à Dublin il y a trois ans, ces sept rêves improvisés ont la saveur de la musique chambriste contemporaine. Certes, nous allons nous faire taper sur les doigts par les amateurs de jazz très jazz mais c’est une habitude (et si cela n’arrivait pas, cela nous manquerait…). Toujours est-il que nous aimons ce disque pour sa finesse d’interprétation, pour son univers suspendu et pour la poésie congéniale qui en émane. Si la flûtiste et la pianiste se connaissait déjà au moment du concert, Dominique Pifarély était lui l’invité, ce qui n’empêcha pas la greffe de prendre. Avec un souci de l’espace laissant circuler les notes à la place que l’improvisation leur offrait, le trio développa une musique aux arêtes fines, aux linéaments onduleux, à la chair légère, qui plaça la densité dans l’éther de l’entre-deux, là où leurs chants épousaient des contours appellatifs. Il est probable que nous ne serons jamais pourquoi cette forme musicale nous aimante. Peut-être est-ce une histoire de liberté première, peut-être est-ce la valeur de l’espace qu’elle conquiert sur le néant, peut-être... qu’il faut vous laisser tenter, sans a priori, pour le plaisir du rêve renouvelé.


https://izumikimura.com/
https://www.linaandonovska.com/
https://pifarely.net/


  ANDREAS HADDELAND TRIO . Estuar

Tare Records

Andreas Haddeland : guitare
Lars Tormod Jenset : contrebasse
Ulrik Ibsen Thorsrud : batterie

Ce trio norvégien existe depuis une douzaine d’années mais il est arrivé dans nos oreilles il y a un mois à peine. Guitare / basse / batterie, une formule éprouvée, n’est-ce pas ? Avec un son contemporain et un goût marqué pour la liberté improvisatrice, ces musiciens développent une musique ouverte, paysagère et organique, qui mérite le détour. Eux se réfèrent en priorité à l’élément liquide pour la définir : « À l’image de l’eau sous ses différentes formes et structures, la musique du trio évolue continuellement de différentes manières, avec une grande liberté et une volonté d’expérimenter. » Pour tout dire, c’est ce que nous avons apprécié. De belles mélodies, une interaction maîtrisée entre les parties, un sens du récit aiguisé, de quoi donner envie. Par certains côtés, il y a du Frisell ( une forme de rêverie déliée) et du Scofield (un son brut sur quelques morceaux) et une once d’Abercrombie chez le guitariste. Avouez qu’il y a pire comme référence. Une chose demeure certaine, ce disque mérite une écoute attentive. Ne vous privez pas.


www.andreashaddeland.no


  MEMPHIS SLIM . At the gate of horn

Craft Recordings - Bluesville Acoustic Sounds Serie

Memphis Slim : piano, chant
Matt "Guitar" Murphy : guitare
Alex Atkins : saxophone Alto
John Calvin, Ernest Cotton : saxophone ténor
Sam Chatmon : basse
Billy Stepney : batterie

Séquence émotion. Une goutte de blues pour changer ? On garde le souvenir ancien d’un 33 tours enregistré en concert de Memphis Slim (1915-1988) écouté chez un pote qui nous avait enthousiasmé au point de le faire tourner en boucle. C’était au XXème siècle et l’on était boutonneux… Donc quand Craft Recordings nous avertit d’une réédition, on ouvre les ouïes. Immédiatement l’on retrouve l’énergie brute du gars né John Len Chatman qui fut (et est toujours) une des figures importantes du blues. Le son est râpeux à souhait, roots comme on dit, et la musique habitée par cette forme d’urgence propre à l’idiome (faut dire qu’il y avait de quoi à la fin des années 50 dans une Amérique bien raciste, mais cela a-t-il vraiment changé ?) Bref, c’est de la bonne et cela illuminera une journée caniculaire ou deux, juste pour le plaisir. Dernier détail, ce disque où figurent quelques versions définitives de compositions célèbres, initialement sorti chez Vee-Jay Records en 1959, a été enregistré en studio contrairement à ce que le titre laisse croire, The gate of horn étant un club folk de Chicago. « Every day I have the blues », n’est-ce pas ?


https://fr.wikipedia.org/wiki/Memphis_Slim
https://www.youtube.com/watch?v=_HsaK-_Hb54


  GUILLAUME MULLER . Six Pieces of Horace

Autoproduction ?

Guillaume Muller : guitare

Débuté en 2021, le projet de Guillaume Muller, un guitariste français exilé à New York, était d’étudier chronologiquement la discographie d’Horace Silver. Et puis vous savez ce que c’est, à force d’écoute, l’on commence à repérer telle ou telle composition, on fait un premier tri et, un jour, à force de sélection, l’on en garde que six, on file dans un studio new-yorkais et on les enregistre en solo. Comme le jeu du Guillaume Muller n’est jamais heurté, avec une petite touche bluesy franchement agréable, le rendu est vraiment intéressant. Pas de loop et autres machins, juste une guitare dans sa plus simple expression dans les mains d’un musicien qui n’en fait jamais trop. Le titre « Six pièces of Horace » fait référence à l’album « 6 pièces of Silver » paru en 1956 chez Blue Note, avec entre autres Hank Mobley et Donald Bird. Se souvenir qu’Horace Silver a existé et jouer sa musique sont une bonne idée. L’ensemble forme un EP qui mérite une oreille attentive. À découvrir.


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