La variété ne manque pas de charme...
Yolk Records
Matthieu Donarier : saxophone
Sophia Domancich : piano
Stéphane Kerecki : contrebasse
Simon Goubert : batterie


Un disque en hommage à Steve Lacy (1934-2004) ? Voilà une bonne idée. En ces temps contrariés, revenir à certains fondamentaux ne peut nuire, bien au contraire. On remercie au passage Mathieu Donarier pour cette galette qui sonne comme un cadeau de Noël avant l’heure. Avant même d’avoir écouté le Cd, nous avions noté l’excellence du casting, voir ci-dessus, mais c’est bien la musique, les compositions du leader, qui ont retenu toute notre attention. Dans cet album où il n’y a que du jazz (fichtre…), c’est la liberté qui parle aux mélodies comme à leurs douces dérives et cela fait toute la différence. Avec des musiciens en parfaite osmose, on ne sent jamais autre chose que de la fluidité, une circulation naturelle entre les composantes du quartet, et un goût marqué pour laisser à la respiration toute sa place, de même dans la gestion de l’espace sonore (ce qui a toujours été une évidence chez Lacy). Que le rythme s’accélère ou non, les idées se propagent et se répondent, se nourrissent les unes des autres et constituent le corps d’un travail de haut vol, d’une authentique finesse et d’une intelligence qui ne cède jamais à l’outrance. L’équilibre entre l’originalité de Mathieu Donarier et le souvenir de Steve Lacy est un petit miracle qui donne tout son sens à ce disque qui nous paraît juste… indispensable.
https://www.yolkrecords.com/fr/?p=album&id=118
Trebim Music
Alain Jean Marie : piano
Diego Imbert : contrebasse


Le duo piano contrebasse est réservé aux musiciens qui savent. Qui savent quoi, me demanderez-vous ? Qui savent que la musique que l’on joue se partage, qui savent qu’elle s’écoute aussi, qui savent que le bon partenaire, celui qui joue et écoute, est la base même de l’alchimie nécessaire à la réussite de ce type d’exercice qui peut être casse-gueule, qui savent également que le choix du répertoire est une pierre angulaire, qui savent que se réapproprier quelques standards du Great Songbook n’est pas honteux, qui savent donc que le futur se conjugue au passé du présent, qui savent que certains les taxeront de passéisme, qui savent qu’il faut savoir s’en foutre royalement, qui savent que d’autres duos piano célèbres ont existé avant le leur et que ce n’est pas grave, qui savent qu’il en faut peu pour être heureux ( ?), qui savent que les amis aiment faire ce qui leur plaît et que c’est toujours une bonne idée, qui savent qu’ainsi naissent les émotions. C’est fou tout ce qu’Alain Jean Marie et Diego Imbert savent ! La classe, c’est le partage, et ils sont au rendez-vous. On les remercie.
https://www.facebook.com/diegoimbertofficiel/
Discobole records
Sophia Domancich : piano
Nick Lyons : saxophone alto
Lesley Mok : batterie
Théo Girard : contrebasse

Ce nouveau disque de Théo Girard, enregistré fin 2022 (il n’est jamais trop tard pour bien faire), à la tête d’un quartet transatlantique constitué de musiciens de caractère coulera sans effort dans vos oreilles… Chacun tient sa place au service d’une musique limpide, aux mouvances légèrement aqueuses, ne manquant pas d’un magnétisme aventurier. Si l’on connaissait bien la pianiste et le contrebassiste, un peu moins le saxophoniste, nous avons découvert la batteuse Lesley Mok et le moins que l’on puisse dire est qu’elle est remarquable en tous points. La musique éprise de liberté que le quartet propose possède la rugosité des musiques improvisées et une sensibilité expressionniste osant emprunter les chemins de traverse sans se perdre en conjectures fumeuses. Il est clair que la greffe a pris entre les quatre membres du groupe et que la complicité musicale qui les réunit démontre le bien-fondé de ce projet original a mi-chemin entre l’organique et l’intellectuel. Body and soul quoi ! Recommandé.
https://www.ciediscobole.com/mobke
Edition Records
Nils Petter Molvær : trumpet
Eivind Aarset : guitar, électronique
Jan Bang : live sampling
Pål « Strangefruit » Nyhus : dj, mpc programming
Audun Erlien : basse
Per Lindvall : batterie
Rune Arnesen : baterrie, percussions

Nils Petter Molvaer a accédé à une certaine célébrité avec le disque « Khmer » en 1997, faisant de lui le pionner du Nu Jazz. Et ne voilà t’il pas qu’il nous offre une relecture actuelle, enregistrée sur scène en 2024, de ce fameux disque, mais pas seulement puisqu’il y a des titres issu des albums « Solid ether » et « Maja ». Le groupe initial cède la place à une formation plus ample qui développe plus de matière qu’il n’y en avait à l’époque. Le titre de l’album semble donc à cette aune un argument de communication… Quoi qu’il en soit, cet enregistrement mérite le détour. C’est justement la densité sonore nouvelle du groupe qui nous a séduits. Bien évidemment, c’est planant et hypnotique aussi, on ne se refait pas. Le son reconnaissable entre tous de la trompette du leader opère sa magie et l’ensemble des musiciens réunis (une bonne partie de la crème du « jazz » norvégien) sont à même de faire vivre avec brio cette musique qui à la bonne idée de paraître atemporelle. Ne vous privez pas.