The Lost Crooners

Daniel Yvinec fait partie de ces musiciens qui cultivent la passion des brocanteurs et trouvent leur bonheur dans la recherche de l’âme de compositions connues ou oubliées. On sait ce contrebassiste curieux de tout ce qui se crée dans le monde de la musique, collectionneur de disques presque jusqu’à la boulimie. Mais ce qu’il affectionne par dessus tout, ce sont les standards, en particulier ces mélodies qui ont retrouvé une autre vie après avoir été chantées, dansées, filmées à Broadway ou ailleurs.

Daniel Yvinec - "The Lost Crooners"
Bee Jazz 023 - distribution Abeille musique.

Après Chansons sous les bombes (en 2004) puis Wonderful World (en 2005), enregistrements en duo avec le pianiste Guillaume de Chassy (et des invités) de vieilles chansons françaises ou américaines, ce nouvel album poursuit cette quête qui tient un peu du recyclage précieux dans une formule simple et dépouillée.

Pour The Lost Crooners, Daniel Yvinec, leader-concepteur, a voulu laisser parler la spontanéité : pas de répétitions, une simple esquisse de répertoire, les premières prises privilégiées... Ce qui importe ici c’est la manière dont la musique s’est façonnée en direct dans l’atelier provençal des studios La Buissonne. Le procédé de fabrication, la marque de ses créateurs, a primé sur l’idée du produit attendu.

De fait, ce disque a bien une âme. Les mélodies mises ici en valeur sont autant d’espaces de liberté, qu’il s’agisse d’échanges en duo tout en retenue entre Daniel Yvinec et Médéric Collignon, musicien prodigieux qui élève la musique par delà les limites de l’instrument au point qu’on ne puisse dire si on entend sa voix, une trompette ou une flûte grave (Skylark, I’ll be seeing you, Moon River...). Benoît Delbecq, témoin actif de cette séance apporte une contribution presque "monkienne" à ce disque (Everything happens to me, Smile...). La structure de base, le trio Veras / Yvinec / Galland fonctionne avec une souplesse féline. La rondeur discrète et boisée de la contrebasse équilibre les sonorités ciselées de la guitare de Nelson Véras mais c’est ici le batteur qui retient l’attention. Stéphane Galland joue avec une liberté rare, créant des brisures, délimitant des espaces d’une grande richesse. Une créativité jubilatoire qui irait jusqu’à évoquer l’exubérance (sans les outrances) d’un Han Bennink. Ce jeu contraste parfaitement avec la réserve de Nelson Véras. Un bel exemple d’équilibre à trois voix.

The Lost Crooners est un album paisible, mesuré, sensible qui dévoile ses multiples charmes au fil des écoutes au delà des fortes impressions laissées d’emblée pas Médéric Collignon et Stéphane Galland.

Un disque tout à fait recommandé pour connaître un peu mieux l’univers de Daniel Yvinec (alias Yvinek dans d’autres univers) qui deviendra à la rentrée 2008 le nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Jazz.


> Daniel Yvinec "the lost crooners" - Bee Jazz023 - distribution Abeille Musique

Daniel Yvinec : contrebasse / Nelson Veras : guitare / Stéphane Galland : batterie

invités : Benoit Delbecq : piano (5, 9, 10, 17) / Médéric Collignon : cornet de poche et voix (3, 7, 14, 17)

1.The end of a love affair / 2. Should care / 3. Skylark / 4. Once i loved / 5. Everything happens to me / 6. I fall in love too easily / 7. I’ll be seing you / 8. If I should loose you / 9. 03/09/2007 16:23 / 10. Smile / 11. Alone together / 12. Wave / 13. Moon and sand / 14. Moon river / 15. Valentine’s day / 16. Goodbye / 17. I’ll be seing you

Enregistré aux Studios La Buissonne (Pernes les Fontaines -84-) par Gérard De Haro en juillet 2007.


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