Par le passé, les élèves du collège JB de La Salle, à Lyon, ont réalisé des interviews de jazzmen, pour la revue du collège, dans le cadre de Projets Artistiques et Culturels.

Nous les mettons en ligne car leur intérêt dépasse le cadre du jazz à proprement parler. Ce sont des rencontres qui ne s’intéressent pas forcément à l’actualité des musiciens, mais plus à ce qui fait leur vie, leur univers. Face aux jeunes, leur parole est plus libre, ce qui donne lieu à de vrais échanges.


Louis Sclavis

Louis Sclavis.
Louis Sclavis.
Photo © Yves Dorison

En décembre 2003 à Lyon.

Défricheur inlassable, Louis Sclavis ne recule devant rien. Alors quand deux collégiennes lui posent les questions les plus inattendues, eh bien il répond le plus grand sérieux ! Une aventure lexicale en Technicolor...

Nous vous en proposons un court extrait. La suite est dans le docyument PDF joint à cet article...

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> Enfant, quel était votre rêve ?

Enfant, on a des rêves différents tous les jours. On ne rêve pas d’un devenir, mais on est fasciné par certaines choses, une belle voiture, le type qui ramasse les poubelles, on avait l’impression qu’il se promenait, la montagne et, personnellement, les instruments de musique. L’instrument en tant qu’objet m’a toujours attiré, depuis tout petit. J’ai eu un tambour, un harmonica en jouet. L’âge venant, sans véritablement parler de musique, j’ai voulu jouer d’un instrument. Lorsque je voyais une fanfare dans la rue, cela me donnait une impression de chaleur, comme un feu de bois devant lequel on se tient pour se réchauffer. Par la suite, je suis devenu musicien dans la continuité de ce désir d’instrument.

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Louis Sclavis.
Louis Sclavis.
Photo © Yves Dorison

>Quand vous vous noyez dans votre instrument, que ressentez-vous ?

On demande souvent au musicien ce qu’il voit ou ressent quand il joue ou compose et je réponds : rien.

C’est un paradoxe important, mais pour créer, il faut faire le vide en soi et garder l’esprit en éveil. Si l’on s’attaque à une composition, ou sur scène à une improvisation, avec trop de choses à dire, trop de sentiments, la musique n’a plus de place. Il est nécessaire de faire le vide pour laisser sa place à la musique, à l’auditeur, à tout ce qui peut arriver, à l’inconnu. On crée grâce à cette captation soudaine de l’inattendu. Cette capacité s’acquiert avec le temps, le métier.

Quand je joue, je ne cherche pas à exprimer un sentiment particulier. Je cherche plus prosaïquement à distiller une forme musicale, une mélodie, une façon de jouer et c’est tout. Je ne sais pas ce qu’elle veut dire et, à la limite, ce n’est pas à moi de le dire. Moi, je propose une chose, la mieux faite possible, sans savoir ce qu’elle raconte. C’est le public qui lui donne un sens, la rend multiple car chacun la ressent avec sa sensibilité particulière selon le jour, l’endroit, l’atmosphère du lieu.

Quand je compose, mon but artistique est la création d’émotions, intellectuelles et physiques, mais je ne dicte pas aux gens ce qu’ils doivent ressentir. Donc quand je fais de la musique, je n’ai aucun sentiment. Je suis préoccupé par la conduite de l’orchestre, je suis absorbé par la maîtrise du discours, la fabrication de l’objet musical. Je ne pense pas au reste, cela vient malgré moi. Cette idée de vide est un peu paradoxale mais assez juste.

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> Lire l’intégralité de l’entretien ci-dessous :