Huit jours bien remplis de musique avec de bonnes surprises.

  Lundi 30 juin.

Stefano Di Battista est en forme. Après avoir amusé les journalistes, sans omettre de répondre aux questions de Robert Lapassade, durant la conférence de presse, il prend tout son temps dans les coulisses pour oublier de se concentrer. Il est ainsi : prendre les choses comme elles viennent, dans un élan de spontanéité, cela lui sied.

Stefano Di Battista
Stefano Di Battista
Jazz à Vienne 2008

Fort bien soutenu par Greg Hutchinson (batterie), Baptiste Trotignon (orgue), et Flavio Bosso (trompette), il a débuté son set avec une vitalité étourdissante. Le combo, homogène en diable a su maintenir cette ligne tout au long d’un concert qui s’est achevé sur une composition dédié à la ville d’Essaouira aux harmonies détonnantes. Le public, quasi affidé, fut néanmoins laissé aux mains d’Herbie Hancock et de ses compères ( Dave Holland à la basse électrique, notamment).



Herbie Hancock
Herbie Hancock
Jazz à Vienne 2008

Le projet d’Herbie Hancock autour de Joni Mitchell nous a semblé un peu décousu. Après un introduction en clin d’oeil aux Headhunters, et quelques interprétations de titres de la grande dame, il y a eu comme une dissolution, un éparpillement discret mais continu jusqu’au final (malgré quelques soli inspirés du pianiste et du bassiste), de l’esprit de cette chanteuse hors norme qu’est Joni Mitchell. Rien de disqualifiant cependant, mais la vague impression tout de même que la blonde canadienne est peut-être un artefact haut de gamme au service du son hancockien. Mais a-t-il besoin de cela pour remplir un thêatre antique ?

  Mardi 1er juillet

Carla Bley avec The lost chords et Paolo Fresu. Forte et fragile Carla Bley. Fragile dans l’apparence ; elle nous parue encore amaigrie. Forte par ses compositions, bien sûr. Le drumming de Billy Drummond d’une finesse étonnante, la performance de Steve Swallow qui tenait une basse électrique empruntée, la sienne ayant été brisée lors du transport aérien, l’aisance d’Andy Sheppard, le romantisme de Paolo Fresu, ont su nous étonner et nous ravir.

Carla Bley
Carla Bley
Jazz à Vienne 2008

Sous la férule de la compositrice, le quintet transcende une musique où l’on entend ressurgir par moment, les sonorités primales du blues. La trame presque monkienne de certains soli, surprenante sous les doigts de Carla Bley, nous a permis de mieux comprendre le chemin parcouru par l’artiste depuis 40 ans. Un concert qui restera dans notre mémoire, traversé par l’émotion.

Wayne Shorter
Il nous surprend encore. Outre son quartet habituel, il avait convié Imani winds, quartet à vents, qui entama le concert avant d’accompagner le maître et ses acolytes.

Wayne Shorter
Wayne Shorter
Jazz à Vienne 2008

Devant un public assez rare mais convaincu, Shorter a produit une musique exigeante, peut-être un peu trop pour ceux qui ne sont pas musiciens d’ailleurs (c’est, notons-le, le jour on l’on croise le plus de jazzmen régionaux dans les travées du lieu).




  Jeudi 3 juillet

Si le quintet de Rosario Giulani, avec Flavio Boltro, a démarré la soirée aux accents d’un bop tonitruant, la suite fut simplement équanime.

Ornette Coleman
Ornette Coleman
Jazz à Vienne 2008

Ornette Coleman, lui-même, recueilli (et un peu assagi), serein, a offert au théâtre antique un de ces concerts dont on se souvient. Son fils à la batterie, une basse électrique et une contrebasse, voilà ce qu’il a fallu au maître pour diriger notre écoute. Des moments musicaux exceptionnels ont saisi à la mœlle des spectateurs en osmose avec ce géant.




  Dimanche 6 juillet

Humidité et fraîcheur appuyée n’ont pas empêché Eric Bibb, Eddie "the chief" Clearwater et Buddy Guy de mettre le feu. Chacun dans leur genre, ils ont su réchauffer les milliers de parapluies présents ce soir-là.

Eddie Clearwater
Eddie Clearwater
Jazz à Vienne 2008

Mention spéciale à Eddie Clearwater qui a réussi à sortir du travers qu’on lui connait, c’est à dire être assez inégal, et proposer un concert brillant.