Le 5 juillet : "Take the Coltrane" et Al Foster Quartet + Steve Grossman.

Il a tant plu ce matin que les pelouses, habituellement garnies de nombreux et joyeux pique-niqueurs, sont désertes. Même en arrivant juste à l’heure, il reste de nombreuses places sous la grande toile de l’espace des concerts.

Pour commencer l’après-midi, le groupe «  Take the Coltrane » se présente, groupe sans leader identifié composé de : Laurent Fickelson au piano ; Gilles Naturel à la contrebasse ; Jean-Pierre Arnaud à la batterie et Olivier Temime au sax ténor. Lequel (Olivier, pas son sax ténor...) porte une élégante casquette en lieu et place de sa crête façon Iroquois.

Paris Jazz Festival 2008

Le programme est du pur Coltrane revisité et le quartet s’y emploie joliment. Les soli sont plus le fait de Fickelson et de Témime bien soutenus par le batteur très présent, efficace et fin relanceur et par le bassiste, auteur d’un joli solo à l’archer sur « Mr PC ».

La fin du set est annoncée au bout de 40 minutes : « Nous allons jouer un dernier morceau... », annonce qui tient compte du bis probable et qui met un terme à cette première partie en à peine une heure. C’est court et ce bref set laisse une impression de service minimum.

Les places sont maintenant presque toutes occupées. Le soleil réapparaît. Le parc retrouve ses couleurs.

La seconde partie se tricote autour du quintet de Al Foster réduit à 4 musiciens, le trompettiste faisant défaut, à savoir : Al Foster, leader et batterie ; Gary Versace au piano ; Doug Weiss à la contrebasse ; Eli Degibri aux saxes soprano et ténor.

En deux morceaux toniques, le cadre est posé. Et tout de suite, il faut remarquer la qualité du saxophoniste : bien campé sur ses jambes, inventif, véloce, créant une progression dramatique dans ses soli. Qualité mise en valeur par ses petits camarades.

Arrive alors l’invité du jour : Steve Grossman au sax ténor. Il monte péniblement les marches et sa démarche est peu sûre, son teint blême genre lendemain-de-nuit-difficile. À vrai dire, il semble soit relever d’une opération importante soit être en phase de convalescence. Il manque de souffle, sa colonne d’air est pleine de trous, ses soli sont comme du mot à mot. Il bouge beaucoup, cherchant l’appui du pianiste et s’éloignant du micro, ce qui n’est pas la meilleure façon de réjouir le public.... Le jeune Degibri, après avoir pris solidement sa place de soliste en ouverture du set, lui laisse respectueusement le devant de la scène. Et il y a là quelque chose de pathétique à voir le jeune s’effacer devant un aîné glorieux pas au mieux de sa forme. Et à voir Grossman inviter son acolyte souffleur à se lâcher. À le féliciter après ses prestations magnifiques. Et peu à peu, Grossman retrouve et du son et du souffle et des idées et prend presque toute la place de l’invité qu’il est. Un tour du côté de Hancock et de Miles Davis ( de la période électrique) vient à point. Le public ne s’y trompe pas qui rappelle, ovation debout, le groupe pour deux morceaux supplémentaires.