une fois, une fois, une fois

Bruges (Belgique), ses canaux, ses touristes, ses façades, son béguinage, son musée du chocolat, etc. etc. et son festival de jazz qui présente sa quatrième édition.

Le concert de fin d’après-midi se tient à la Kamermuziekzaal, en français dans le texte « la salle de musique de chambre ». Imaginez un énorme parking de cinq étages avec une rampe qui s’enroule autour d’un puits central. C’est là. Tout en bas, au premier niveau. Les spectateurs s’asseyent au niveau des musiciens, ou un cran plus haut ou dans une spirale encore plus élevée. De la musique de chambre dans un parking, qu’est-ce que cela va donner ?

Jazz Brugge 2008

Le duo Aki TAKASE, piano, Silke EBERHARD, sax alto et clarinette si b, s’en vient nous offrir The Ornette Coleman Anthology empruntée aux thèmes d’Ornette Coleman de la période 1959-1968. Une prestation immédiatement « free » après une rapide exposition d’un thème joué à l’unisson. Prestation qui, pendant une heure, va alterner tous les formats possibles d’un duo avec un recours massif aux tempi soutenus, à une frappe percussive au piano, à une avalanches de notes pour la souffleuse, ceci venant en contraste avec des moments plus paisibles, moins tendus. Le début en fanfare ( si je puis dire ) m’a amené à me demander si la maîtrise du free ( maîtrise-t-on la liberté ? ) pour un musicien de jazz allait de pair avec la maîtrise tout court d’autres formes musicales : blues, latin, funk, bebop, etc. Un musicien joue-t-il paroxystique parce qu’il est au bout du bout de son improvisation et qu’il s’arrache du corps et de l’âme ses derniers cris ou bien a-t-il appris à jouer paroxystique n’importe quand ?

L’interprétation, à mi-concert, de « Turnaround » m’a donné un élément de réponse en ce qui concerne ce duo. Ce thème offre à l’improvisateur la possibilité de construire son discours dans la durée avec une contrainte majeure : se situer par rapport à la trame harmonique. Et là, Silke EBERHARD a balbutié son jazz.

J’aurais bien aimé entendre l’appréciation du trio de clarinettes ANGSTER, FOLTZ et KASSAP présents dans la salle.

Cela dit, ce puits de béton façon parking n’a en rien altéré l’écoute de ce concert acoustique.

Le premier concert de la soirée a suivi dans la grande salle du même bâtiment.
Le Bart DEFOORT-Emanuele CISI Quintet constitué de deux sax ténor, de Ron Van ROSSUM au piano, de Nyc THYS à la contrebasse et de Sebastiaan DE KROM à la batterie, déroule un programme de compositions de DEFOORT et CISI influencé par le bebop et les ballades.

Malheureusement pour ce talentueux quintet, le traitement du son n’est pas à la hauteur : ténors à peine audibles, volumes sonores écrasés... Il faut attendre le dernier morceau pour que tout s’améliore subitement, comme si l’ingénieur du son avait enfin terminé de lire sa BD, enlevé son casque et remédié à la piètre qualité du son. Nous n’aurons que le rappel pour goûter un peu plus la belle qualité de ces musiciens.

Vient ensuite le Rita MARCULLI TRIO avec Rita au piano, Anders JORMIN à la basse et Anders KJELLBERG à la batterie.

Trois bons musiciens, fins, inventifs, réactifs dont la production ce soir réalise parfaitement la fusion de la dentelle de Bruges, de la musique de chambre à coucher et de la tisane de verveine. Idéal pour préparer une bonne nuit.

(A suivre...)


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