Jazz à Vaulx en Velin, en région lyonnaise.

Pour sa 22ème édition, le festival A Vaulx Jazz a encore eu une fréquentation en hausse, ce qui est toujours encourageant en ces temps obscurs où la culture est taillée en pièce. Il existe donc des gens qui ont besoin de musique, de toutes les musiques, et qui vont au concert. Cette année, Thierry Serrano, patron du festival, les a bien servis avec un un programme d’un rare éclectisme. Nous regrettons quant à nous, sans être puristes pour autant, qu’un certain jazz communément dit « classique » ait presque totalement disparu de la programmation. Non, nous n’avons pas assisté à tous les spectacles du festival. On fait ce qu’on peut. Retour donc sur les quatre soirées où nous étions présents. Mais avant cela, une mention spéciale à l’ensemble de l’équipe qui fait toute la qualité de ce festival. Sérieux sans se prendre au sérieux, ils savent accueillir chacun. C’est bien agréable et je ne connais personne qui, ayant découvert ce festival, n’y revienne pas avec plaisir... et quelques amis aussi !


Stimmhorn, 14/03/2009

Stimmhorn
A Vaulx Jazz 2009

Deux fous furieux qui recyclent la tradition suisse. Au programme cor des alpes, accordéon suspendu, chant diphonique, yodle, etc. Redoutablement spectaculaires, Balthazar Streiff et Christian Zehnder ont l’art de raconter des histoires "onomatopéennes" pour le moins expressives et pétries d’humour. Techniquement époustouflant. A voir en famille.

En panne de scooter, 14/03/2009

En panne de scooter
A Vaulx Jazz 2009

Sur le papier c’est énorme. Sangoma Everett, batteur brillant au curriculum long comme un jour sans pain, Carl Craig, le cérébral monsieur Electro de Detroit, Corey Harris, bluesman afro-américain mis en scène par Scorsese en 2003 pour sa série sur le blues. Présent sur le festival en 2007 pour la création du projet, ils sont revenus cette année accompagnés par Damon Warmack et Kelvin Sholar. Au final une musique métisse pleine de richesses harmoniques qui tend un pont entre différents horizons musicaux.. Dommage que sur scène la dynamique manque. Il faudrait que ce groupe tourne régulièrement pour que l’alchimie se fasse et que cela fonctionne à plein régime. Un disque enregistré cet hiver par le quintet doit sortir bientôt.


Les Diaboliques, 18/03/2009

Les Diaboliques
A Vaulx Jazz 2009

Joelle Léandre avec Irène Schweizer, piano, et Maggie Nicols, chant.

Une autre paire de manches, pour le coup. S’il est inutile de présenter la contrebassiste dont le parcours artistique est presque une histoire complète de la création contemporaine, il est peut-être nécessaire de signaler que Maggie Nichols, née à Edinburgh, est depuis longtemps une danseuse, une vocaliste et une activiste reconnue par ses pairs. Il en va de même d’Irène Schweizer, pianiste suisse au parcours très personnel, en activité depuis plus de 40 ans. Réunies, ces trois-là forment un trio avant-gardiste qui offre aux spectateurs une fresque improvisée très percussive. Non dénuées d’humour, elles poussent l’auditeur dans ses derniers retranchements. Quelquefois difficiles à suivre, elles ne laissent personne indifférent, quitte à lasser un peu les plus résistants. Nous n’irons pas jusqu’à dire que l’on fut enthousiasmé, mais force est de reconnaître que le mot concession n’appartient pas à leur vocabulaire et que cela est fort méritoire.

Avishai Cohen quintet, 18/03/2009

Avishai Cohen Quintet
A Vaulx Jazz 2009

Il était attendu, il est venu, il a vaincu. Standing ovation. Ce type a une présence bien particulière. C’est un leader né qui sait s’entourer et un compositeur sensible. Son dernier album, au programme de la soirée, a pris sur scène une autre dimension, grâce à la qualité de chaque musicien. Un percussionniste plein d’avenir à la dextérité étonnante, un joueur d’oud sensible, un pianiste au toucher et aux harmonies délicats, une chanteuse avec le sens de la nuance ont permis à Avishai Cohen de porter sa musique métisse et son chant au cœur du public. Car il chante maintenant. Plutôt bien d’ailleurs dans un registre ethnique qui sait varier les tonalités. L’orient est là, plus présent que le jazz. Il a nous a cependant manqué un souffle d’improvisation plus large. La musique proposée ce soir-là était propre et efficace. Un peu trop à notre goût.


N’Guyen Lê - celebrating Jimi Hendrix, 19/03/2009

Difficile de croire qu’on puisse être original en reprenant Jimi Hendrix. N’Guyên Lê le fait. Sans fioriture. À aucun moment, on ne perd la voix propre du guitariste qui insuffle aux standards rebattus des sonorités nouvelles et des partis pris sensibles. Une dose d’africanité, une ligne d’Asie, assises sur la couleur blues et le son rock de l’original. Le tout servi avec modestie mais non sans watts. On a regretté que le chant de Cathy Renoir soit noyé dans la masse sonore. Une petite frustration dans un concert puissant avec de belles envolées où Linley Marthe et Francis Lassus ont également assuré leur part avec brio. N’guyên Lê n’aime pas les étiquettes et c’est très bien comme ça. Il construit de projet en projet un univers aux résonances riches qui aiment à déjouer les limites et repousser les cadres.

N’Guyên Lê / Fast ’n’ bulbous
A Vaulx Jazz 2009

Fast’n’bulbous - The Captain Beefheart project 19/03/209

Autre curiosité dans la programmation, ce septet cuivré, sans Gary Lucas, le bras cassé sur un trottoir montréalais, remplacé au pied levé par Pat Irwin (B 52’s). Le monde musical déjanté de Don Van Vliet repris avec respect par des musiciens convaincus et convaincants dirigé par Phillip Johnston. Entre impro psychédélique et blues rock erratique, un beau moment musical, riche de soli impeccables. Un ensemble cohérent où Pat Irwin s’est tenu en retrait. Mais il lui était difficile d’agir autrement, lui qui avait parcouru le répertoire dans la semaine qui précéda le concert. Découvrez-les s’ils passent par chez vous.


Duke Robillard / Shemekia Copeland, 20/03/2009

Duke Robillard / Shemekia Copeland
A Vaulx Jazz 2009

L’incontournable soirée blues du festival a, comme d’habitude fait salle comble. Impatient d’écouter Duke Robillard, on n’a pas été déçu. On se serait néanmoins volontiers passé de l’harmoniciste et chanteur Sugar Ray Norcia pour profiter plus encore du jeu du guitariste. Quant à Shemekia Copeland, fille de Johnny (Copeland), elle est dans la veine des blueswomen à voix. Un combo puissant et électrique la pousse. Pas de pitié, une grande présence scénique, un morceau a capella pour ceux qui doutaient encore de ses capacités vocales "Wild wild woman" avec une maîtrise impressionnante.