KIND OF BLUE le making off du chef d’oeuvre de MILES DAVIS

  • ASHLEY KAHN
  • Préface de Jimmy Cobb
  • Traduction de Philippe Paringaux
  • Éditions Le mot et le reste, 2009. 23 euros

Écrire un livre entier sur la genèse d’un seul disque peut paraître une gageüre. S’agissant du Kind of blue de Miles Davis, on se surprend à être intéressé. Sorti au États Unis en 2000, il a fait l’objet d’une postface de l’auteur en 2007.
De fait, dans cet ouvrage foisonnant d’informations, Ashley Kahn explore au préalable les années 1949-1955 puis l’émergence du jazz modal avec le quintet et le sextet qui atteindront la célébrité que l’on sait. Méticuleux sur le parcours de Miles, il retrace sans trémolos la montée en puissance du trompettiste, le passage à vide consécutif à son addiction à l’héroine et la reconstruction qui s’opère ensuite pour aboutir à Kind of blue.

C’est à la page 103 que l’on accède enfin au moment décisif : la première session d’enregistrement du 2 mars 1959. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que le journaliste américain a eu accès à toutes les archives des deux sessions d’enregistrement. Il a pu notamment écouter les bandes dans leur intégralité. La transcription qu’il en fait est saisissante. Amorces de dialogue entre les musiciens, bruits parasites dans le studio mythique de la 30ème rue, échanges avec l’ingénieur du son, ce sont autant d’éléments qui nous immergent, grâce au récit talentueux d’Ashley Kahn, dans le studio, il y a de cela cinquante ans. Tout semble assez simple. La séance dure six heures (la deuxième séance du 22 avril 1959 ne durera que trois heures) et très peu de prises sont réalisées... Permettez-moi de taire la suite. Sachez cependant qu’après les sessions, Ashley Kahn oriente son propos sur la manière de vendre le disque mise au point par la Columbia et achève son ouvrage sur les apports musicaux du disque aux décennies suivantes.

Avec ce livre, Ashley Kahn a indubitablement réussi un tour de force. Sa précision clinique, ses explorations pointilleuses, ne sont jamais un handicap à la lecture. Le continuum de l’action leur doit même beaucoup. Passionné de bout en bout, on a interrompu la lecture que pour mettre un disque en parcourant le compte-rendu des sessions. Je ne vous dis pas lequel.


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