Il était une fois neuf garçons.

Fin 2008, le Mégaoctet d’Andy EMLER concluait l’année et sa résidence au Triton par un concert exceptionnel.

Ce vendredi 6 novembre, la bande de furieux est revenue hanter le Triton avec le même programme, qui a donné lieu à l’édition d’un CD et d’un DVD : Crouch, touch, engage, qui est aussi le titre du morceau introductif. Nous avons réentendu Funky sickness, Mail to Élise, Ouvertoire 2, Régamuse, Beautifuler 2, etc.... avec un plaisir au moins aussi intense.

Andy Emler - mars 2008
à Vaulx en Velin - photo © Yves Dorison

Les neuf lascars sont : Andy EMLER au piano, Claude TCHAMITCHIAN à la contrebasse, Éric ÉCHAMPARD à la batterie, François VERLY aux percussions, François THUILLIER aux tubas, Laurent DEHORS sax ténor et clarinette basse, Thomas de POURQUERY aux sax alto, soprano et voix, Philippe SELLAM au sax alto, Laurent BLONDIAU aux bugle et trompette.

Dans le classement ni officiel ni validé des "pue-la sueur-du-jazz" dont le niveau le plus élevé concerne les musiciens qui, sur scène, se déchirent grave, font preuve de générosité, y laissent deux ou trois kilos et une chemise à tordre, puis passent quelques heures dans un trip quasi halluciné de descente d’adrénaline, ils se situent en haut du mât. Entre vigie et amer (ça, c’est pour les marins).

Andy Emler Mégaoctet : "Crouch, touch, engage"
CD Naïve

Comme d’hab’, le collectif est irréprochable, superbe machine qui, dans ses différents formats, sonne comme un énorme big band ou comme un simple trio. Comme d’hab’ encore, les thèmes superbes (les idées et les arrangements) mettent en valeur soit des doublettes de musiciens soit des solistes. S’ils donnent tous le meilleur d’eux-mêmes, il me reste dans l’oreille l’intro du second morceau au tuba par THUILLIER, qui passe du monophonique au polyphonique et se joue de ce gros instrument comme d’un pipeau de pâtre prépubère, un solo sophistiqué de SELLAM qui, d’abord embringué dans une espèce de boucle impossible à déboucler, trouve des issues qu’il explore finement et largement, un solo en forme de cri d’amour de DE POURQUERY, qui, à son habitude, d’une petite musique humble et tendre fait un opéra en trois actes et douze scènes qu’il termine en laissant ses poumons ratatinés tout au fond de sa cage thoracique et ses lèvres collées au bec du sax comme deux escalopes orphelines, le duo piano-contrebasse qui énerve tous les radars par son sprint effréné et n’oublie pas de sourire au moment du flash, bref : un grand moment de musique.

Si le premier set a été au moins du meilleur niveau qu’ils sont capables de produire, le second a fait exploser tous les cadrans et les repères qui les balisent.

Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ?


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