Treize à la manoeuvre

Avez-vous remarqué les variations du vocabulaire en fonction de l’activité décrite ?
Au commissariat, on interroge un individu. À la mairie, on parle de l’édile ou du premier magistrat (qui n’est jamais, lui, un individu quand il se fait pécho par la patrouille ). En sport collectif, on parle de garçons. Et en jazz, on dit quoi ?

Ils sont treize hommes sur la photo mais seulement douze ce soir, à l’Olympic Café, au cœur du Paris métissé, vivant et joyeux. Le Paris qui sort plus pour pour vivre plus. Le tubiste Didier HAVET a pris la poudre d’escampette pour réjouir d’autres oreilles.

Le big-band Ping Machine

Reste en scène le trio composé de Fred MAURIN, guitariste, compositeur et taulier, Rafaël KOERNER à la batterie, Raphaël SCHWAB à la contrebasse sur lequel s’appuient ( et non pas « se reposent ») les dix souffleurs : Andrew CROCKER, Sylvain BARDIAU et Fabien NORBERT aux trompettes, Bastien BALLAZ au trombone, Florent DUPUIT, sax ténor, flûte, piccolo, Fabien DEBELLEFONTAINE, sax alto et flûte, Jean-Michel COUCHET, sax alto et soprano, Julien SORO, sax ténor et Guillaume CHRISTOPHEL sax baryton. Rien que du beau monde.

Après David CHEVALLIER et les Gesualdo Variations, Marc DUCRET et le Sens de la Marche, un autre guitariste s’y colle et interroge :

  • Eugène, y a-t-il un gène du guitariste-compositeur-leader-de-big-band ?

À défaut de répondre sans ambigüité, force est de constater que la chance d’un big band, c’est parfois de se trouver plus nombreux sur scène qu’il n’y a de spectateurs dans la salle et d’éviter ainsi l’éprouvante expérience du concert pour chaises vides. C’est le cas ce soir où ils sont quatre fois plus nombreux que nous, les auditeurs, au moment de commencer. Enfin, au début. Car nous nous trouvons rapidement à égalité puis en légère position de force, c’est dire si le match est serré.

PING MACHINE : "Random Issues"
NeuKlang / CODAEX

Quel plaisir d’écouter cette génération de musiciens, qui, à l’ombre des costauds bien identifiés, se déploie peu à peu et montre de belles pousses. Ça pulse, ça groove, ça joue pianissimo ( va-z-y avec ton flutiau devant ces féroces souffleurs qui se contiennent !), ça éclate, ça se mêle, ça se démêle. Et, en plus de bien sonner ensemble, ils ont de vrais et talentueux solistes, des sur-qui on peut compter dans la durée : et que je t’envoie ma petite phrase liminaire que je déploie comme ci puis comme ça, et merci pour les riffs qui m’envoient encore plus loin et que je termine mon truc quand l’orchestre est déjà ailleurs et que mon solo se fond dans le grand tout ( oui, ceci est une chronique philosophique ).

Ping Machine nous joue différents thèmes de son dernier disque « Random Issues » dont Eit-Fûr-Fûr/Noïne-Fûr-Fûr, Machination, Métal liquide et une nouvelle compo toute fraîche au répertoire : « Heure-Lit Morne, Inge Partie » ( en anglais : early morning party ). Et la soirée se termine beaucoup beaucoup trop tôt.

À quand une journée entière dédiée à ces groupes jeunes et explorateurs : Ping Machine, Radiation 10, etc.... ?


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