Un concert de Santana est toujours un événement et celui du 12 octobre à Bercy n’a pas dérogé à la règle.

Carlos Santana, c’est d’abord un SON de guitare. Identifiable dès la première note, il est l’équivalent du son de trompette de Miles Davis.

Carlos Santana, c’est aussi un improvisateur hors-pair. Puissance ou lyrisme, des solos flamboyants jaillissent du son d’ensemble de son groupe.

Sanatana à Bercy, 12 octobre 2010.

Carlos Santana, c’est aussi un immense compositeur, un créateur de mélodies inoubliables d’une beauté insolente.

Carlos Santana, c’est encore l’imprévu, le surprenant, le noble incongru parfois.

Carlos Santana, c’est enfin le Santana Band, une équipe, une famille.

Le concert démarre en trombe, Yaleo. La machine est en marche.

Suivront les incontournables Jingo, Black magic woman, Oye como va, Soul sacrifice, Smooth.

Mais que de (bonnes) surprises nous arriveront sur le coin des oreilles, sans crier gare.

Tout d’abord la présence spectaculaire de Cindy Blackman, bientôt Mme Santana, investissant la batterie de Dennis Chambers pour deux morceaux. Corazon espinado où elle déclenche un merveilleux orage (a beautiful thunderstorm) et, surprise dans la surprise, une poignante version de Capri, magnifique composition lente que Miles Davis avait enregistrée avec Paolo Rusticelli.

En fond d’écran, l’hommage pictural au trompettiste.

Cindy Blackman ne tombe pas dans les effets faciles comme certains, qui ralentissent le tempo jusqu’à la limite du décrochage et descendent le volume jusqu’au néant, tout cela pour mieux remonter en puissance et déclencher l’hystérie des foules. Et cela dure généralement trois plombes !

Cindy est le contraire de tout artifice. Elle explose littéralement la batterie d’un bout à l’autre de son solo, extrêmement varié cependant, tout comme le faisait le grand Elvin Jones. Elle dirige actuellement un quartet avec Stefon Harris, Mulgrew Miller et Buster Williams, que nous espérons voir en France bientôt.

Santana - Tournée 2010 - © www.santana.com

Puis viennent de nouveaux titres, comme le très original Don Quixote. Des reprises, comme Boogie de John Lee Hooker, où le nouveau clavier Dave Matthews nous montra qu’il connaît le style à la perfection. Il est du reste plus jazz, plus léger, plus incisif que Chester Thompson.

Mais surtout, tenez-vous bien, une version tonitruante (surtout celle de la balance) de Back in black d’ACDC ! Elle figure sur le nouvel album de Santana, Guitar heaven. Tout comme le Whole lotta love de Led Zeppelin qu’il nous balance dès le deuxième morceau.

Il y eut bien sûr aussi les multiples citations chères à Carlos Santana. Le thème du Godfather sur Fou fou, A Love Supreme de John Coltrane en conclusion d’Evil ways, Third stone from the sun sur Gypsy Queen. Et même si elles viennent toujours au même endroit, concert après concert, elles font partie du patrimoine du guitariste et ne sont pas trop ressenties comme des clichés.

D’autant qu’elles sont accompagnées d’autres, impromptues, comme ce titre qui s’ouvre sur la merveilleuse Gymnopédie n° 1 d’Eric Satie. Il connaît et aime tout, le bougre ! Ou encore ce tendre intermède sur Morning of the Carnival d’Orfeu Negro dans Soul Sacrifice.

Dernière grande surprise, la présence pour trois titres de deux des... Gypsy Kings ! Heureusement, Brice Hortefeux n’était pas dans la salle ! Bambolero bien entendu mais aussi participation de nos compères à Africa bamba. Il y a toujours des invités dans les concerts de Santana, souvenez-vous de Khaled.

Fidèle à lui-même, Carlos délivrera à l’attention du public conquis une belle tirade sur l’amour, la paix, la fraternité, la compassion. Tirade au cours de laquelle il citera en exemple toutes ses idoles et leurs titres relatifs à ces notions, John Coltrane, Miles Davis, Bob Marley, Marvin Gaye, Jimi Hendrix, John Lennon, Bob Dylan...

Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est la puissance dévastatrice de cet orchestre et les solos fiévreux de son leader. Le concert vous laisse cassé, mais cassé d’émotion et de bonheur.
Il est une offrande non seulement à écouter, mais à vivre.

MERCI CARLOS !

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